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Mais quel jour sommes-nous ????

Mardi 09/08 :

Êtes-vous déjà resté dans un train bloqué au milieu de rien du tout en attendant désespérément qu’un contrôleur annonce la raison de l’arrêt mais surtout la durée de l’arrêt ? Nous oui et, même si la SNCB peut se targuer d’être championne en la matière (pardon Géraldine ;-)), nous n’avions pas encore connu ce sentiment aussi longtemps avec la SNCB ! Première information glanée auprès de messieurs qu’on pense un peu gradés sur le cargo : 2300 ce soir … Première déduction, 2300 doit sans doute dire 23h00 ce soir ! Deuxième impression, les fameux messieurs nous donnent l’air de nous dire cela pour nous faire plaisir … Très vite pendant la journée, nous nous rendons compte que rien n’est moins sûr. À côté de nous, les enfants nous demandent régulièrement : « Tu penses qu’on partira aujourd'hui ? ». Réponse de normands ;-) : « Je ne sais pas » qui devient fin de journée : « je ne crois pas ! ». Incompréhension totale des enfants, depuis le début de leur vie, nous passons notre temps à leur dire : « Dépêche-toi, mange ta tartine, tu vas être en retard à l’école » « Cours un peu, nous allons être en retard chez le docteur » « brosse-toi les dents, tu vas être trop tard au lit »… Nous leur avons appris à être impatients et tout à coup, on leur demande d’être patients comme jamais nous n’avons été patients nous-même. Hé bien, ils s’en sortent plutôt bien nos ptits gars … Ils râlent bien un peu mais réalisent aussi notre impuissance face à aussi peu de communication !

Pas grave pour nous, il y a du boulot … et on ne fait rien, à part, regarder le millième véhicule être embarquer, le centième container bouger sur les quais, regarder Opa et Nonna à 500 mètres de distance aux jumelles et vice versa, faire le tour du pont dans un sens, puis dans l’autre, regarder la rampe se relever et croire en un départ imminent, répondre à quelques mails, rien de bien constructif donc mais n’oubliez pas, on attend et c’est long !

Une péniche-citerne vient approvisionner le cargo … Ah, peut-être que …

Les enfants vont au lit vers 20h30 et nous vers 22h30 … À 23h00, j’entends un léger changement dans le ronronnement du bateau ; ni une, ni deux, je me lève, me glisse dans mes vêtements, vais frapper à la porte de Dominique et Louis (pas de réaction) et file sur le pont … À part les quais et le pont illuminés comme si nous étions en plein jour, rien, absolument rien, tout est mort … Bon, ya plus qu’à retourner dans son lit L

Mercredi 10/08 :

Première question : « partons-nous aujourd'hui ? » No se !

Deuxième question : « Est-il possible de nettoyer nos chambres car je ne vais pas survivre longtemps dans autant de crasses ? » Remarque discrète de Dominique pour ne pas m’énerver plus : « Tu devras t’habituer … (avec un clin d’œil moqueur) ! ».

Après le petit déjeuner, il semblerait que nous partions vers 16 h …

Donc, matin, nettoyage de fond en comble des deux chambres et après-midi, vite, vite, je termine encore un peu de travail administratif professionnel … 15h, j’ai fini !

Dominique me dit solennellement : « Cela sent le départ » … « Merci, Loulou, tu me dis cela depuis 2 jours ;-) » « Oui, mais cette fois-ci, c’est vrai ! » « Tu crois vraiment ? »

Bon, conseil de famille sur le pont … Hé oui, les derniers containers sont chargés, les grues du cargo sont repliées, l’état des lieux des coups sur les containers est réalisé, les containers sont fixés au pont, la rampe monte à 17h03, on remarque que les dockers n’ont pas éteint des phares sur plusieurs camions arrimés sur le pont, notre quai est quasi vide, chargement de deux containers-frigo, une petite passerelle piétonne est sortie …

Bon, 18h00, c’est l’heure de souper et si on arrive trop tard, il n’y aura plus rien … 19h00, Piedro, notre compagnon de table, nous dit très sérieusement que le bateau bouge, je ne le crois pas et parie une bière … J’ai perdu mon pari mais en suis à postériori très heureuse …

10/08/2016 19h00, le Grande Africa quitte le port … Trop drôle, le GSM sonne de toute part … « Hé, on voit le bateau bouger, vous partez » « Merci, on a remarqué » Allez hop tous sur le pont !

Quel sentiment, notre belle aventure commence, nous sommes tous émus !!!

Passage de la grande écluse, arrivée dans l’Escaut. On zigzague dans celle-ci, il fait froid, caillant même … Nous restons les derniers sur le pont jusque 22h, on gèle. Nous nous endormons au bruit incessant du moteur qui ronfle (fort !) … Mais quelle satisfaction !

Aujourd’hui, quel jour sommes-nous, où sommes-nous ??? Incroyable, à peine avons-nous quitté Anvers et nous perdons toutes notions du temps et de l’espace …

À force d’attendre, nous ne savons plus trop bien quel jour on est … Pendant le petit déjeuner, nous voyons les côtes de l’Angleterre.

En envoyant un dernier SMS à nos amis Normands leur disant que nous sommes au large de Caen, nous recevons la réponse précise comme quoi nous sommes à hauteur de Fécamp.

Hilarant, nous sommes sur un gros cargo et nous ne saurons pas où nous sommes exactement pendant toute la traversée alors que vous, là, derrière votre petit écran, vous pouvez nous situer en permanence … quelle aberration, non ? Mais cela ne nous dérange pas, vous êtes rassurés, nous sommes libres, sans doute un peu inconscients et totalement déconnectés ! (quand vous lirez ces lignes, nous serons connectés bien sûr J)

Bon, trêve de plaisanteries, Pauline a décrété que l’école commençait aujourd'hui. Nous voilà à donner cours le premier jour de notre magnifique croisière… Louis est un peu moins motivé !

Jimmy, notre steward philippin, nous annonce au dîner que nous avons une réunion avec le commandant à 13h00 à la salle à manger !

Enfin, nous allons avoir plein d’informations !!! Le commandant en short et T-shirt rayé (c’est un marin) sans galon nous informe au sujet du règlement à bord, des heures de repas (très important, cela rythme nos journées) et des nombreuses activités à faire … En 10 minutes, le speech est bouclé. Nous savons à quelle heure manger et que nous aurons l’occasion de visiter le pont et la salle des machines. Si on n’est pas intéressé, pas de problèmes, ça l’arrange plutôt bien. Le second nous informe que l’on peut acheter un peu d’alcool et des softs. Le troisième, responsable Santé-Sécurité (tiens, cela n’existe pas qu’en construction), nous explique comment mettre un gilet de sauvetage et une combinaison contre le froid (taille unique) … heu super et les enfants ???

Tous sur le pont pour voir ce qu’il y a à voir … Ben pas grand-chose, la mer à 360°, des vagues et un ciel bleu à 360°… Quelques navires aussi mais nous les dépassons tous … à 30km/h (oui, oui, Pamela, à 30km/h, nous dépassons d’autres cargos !) Dans le golfe de Gascogne, nous voyons quelques cétacés (nous n’avons pas déterminé quoi, probablement des marsouins ??!). Nous sommes déconnectés et ne savons pas vérifier.

Bon, ce n’est pas tout cela, allons faire un peu de vélo, de ping-pong et de kickers pour bouger un peu ; le tout dans une salle parfaitement aveugle sur l’extérieur.

Et ainsi, s’écoulent doucement les jours jusqu’à Dakar. Louis va avant tout le monde sur la passerelle avec son ami Sergueï et joue de la batterie avec son ami Larry … Pauline tient longtemps en poirier alors que le bateau tangue, saute à la corde à sauter et fait toujours aussi bien son pont-retour ; elle maintient son niveau comme elle peut ;-)

Au large de la Mauritanie, nous voyons beaucoup de poissons volants et quelques dauphins qui jouent dans l’eau.

Nous avons mis en place un tournoi de ping-pong, tous les passagers jouent contre tous les passagers à raison de 5 matches par jour. Il y a 66 matches au total. Cela devrait nous occuper jusqu’au 24 août. C’est agréable car cela rythme également nos journées et occupent bien les petits. Pauline épate la galerie avec son coup droit à la façon d’une tenniswoman et Louis progresse de jour en jour.

Lundi 15/08 … 7h00 Pauline sort sur le pont et aperçoit des lumières au loin, les îles Canaries … Nous avons un peu de réseau, on reçoit des messages sur les GSM mais impossible d’en envoyer ou de téléphoner !

Aujourd’hui, c’est également la rentrée des classes. Pauline et Louis s’appliquent sans sourciller, géométrie pour Louis et adjectifs qualificatifs pour Pauline ; à 10h30, speech du directeur : « Je joue aux 1000 bornes avec tous les élèves » Trop cool l’école sur le bateau et surtout vite fini.

Activité spéciale aujourd’hui à 13h, visite de la passerelle de commandement en compagnie de Léo, très bavard et intéressant. Louis et Maman conduisent le bateau pour de vrai ! On comprend mieux comment se conduit un navire de cette taille.

2 radars, 1 pour la navigation en mer et les urgences et l’autre pour les chenaux

1 carte numérique de navigation

Les cartes papiers sont également toujours utilisées

GPS, 3 radios VHS, 1 téléphone de secours, 1 bouton pour le signal sonore

La barre (demi-volant), le changement de vitesse

Un sonar (4400 mètres de profondeur au moment de notre visite, nous sommes au large de la Mauritanie)

Un programme météo

Un tableau avec les commandes des machines

Des jumelles, des compas, des équerres, l’étagère à drapeau avec un bouton caché antipirate, une armoire avec des fusées de détresse, un canapé, un siège confortable, un fax, etc.

Pauline a commencé à écrire dans son journal de bord. Louis a repris la trompette.

Les journées sont quasiment organisées actuellement :

7h00 vélo d’intérieur pour Maman

7h50 tour sur le pont en famille

8h00 déjeuner

9h00 relevé des températures sur le pont et école des petits

11h00 activités diverses (jeux, ping-pong, kicker, espagnol, sur le pont (si pas trop de soleil))

12h00 dîner

13h00 activités calmes et pont

16h00 relevé température (quand on n’oublie pas, il y a tellement de choses à penser, n’est-ce pas ?) et tournoi de ping-pong

18h00 souper (deuxième dîner)

19h00 suite tournoi ping-pong

20h00 sur le pont

20h30 mise au lit des petits

21h00 enfin à deux !!!

22h30 extinction des feux

Population à bord :

  • 25 membres d’équipage dont une majorité de bulgares dans les officiers, un géorgien comme second (Sergueï) super sympa (notre homme de communication, si on peut parler de communication), et des philippins (quelques officiers dont Léo super sympa aussi, le cuistot, les mécaniciens et les hommes à tout faire).

  • 12 passagers dont 4 belges (devinez !), 2 français à la retraite (véhicule : CC Ducato 4X4), 4 allemands (un couple retraité également avec un CC Sprinter 4X4 et un couple multilingue fin quarantaine abandon du travail pour aller surfer et profiter du bon temps avec un Combi VW sur les plages sud-américaines) et, enfin, un couple de suisses-allemands se déplaçant en Combi Mitshubishi 4X4 pour deux ans. L’entente est très bonne entre nous tous.

  • Trois passagers clandestins : Pimpin, Dwafdwaf et Sourissette.

Mardi 16/08

Eveil technologique qui interrompt la classe pendant une bonne demi-heure : visite de l’antre du cargo où se terre la salle des machines. On ne s’entend pas, on a chaud (45°), ça glisse, ça sent le cambouis mais c’est intéressant.

Moteur MAN 6 cylindres + 1 de réserve (gros comme une petite maison) environ 15 540 KW, soit 11 375 CV (les spécialistes vérifieront), les pistons font 66 cm de diamètre.

Consommation : 50 Tonnes de fuel lourd et 300 litres d’huile par jour, le réservoir contient le nécessaire pour 80 jours de navigation (soit 4000 Tonnes de fuel)

Arbre de transmission (+/- 50cm de diamètre)

Génératrice AEG pour l’électricité pendant la navigation

Centrale à vapeur pour réchauffer le fuel lourd à 125°C

Les compresseurs électriques

L’installation de désalinisation de l’eau de mer pour divers besoins

À quai, 3 gros groupes électrogènes prennent le relais

L’atelier de mécanique (visité par le groupe de Louis et Papa seulement)

La salle de contrôle des machineries

La porte de secours en cas d’urgence qui mène à la cage d’escalier central, colonne vertébrale du bateau

Jeudi 18/08

Nous sommes ancrés au large de Dakar depuis hier soir. De nombreux bateaux et de multiples barques de pêcheurs nous entourent. Il fait chaud et lourd. Nous attendons de pouvoir rentrer dans le port. Un autre bateau Grimaldi (San Paolo) est accosté près de nous.

Vendredi 19/08 vers 18h30, nous entrons enfin dans le port. C’est magique de rentrer dans un port africain à la tombée de la nuit … Nous profitons jusqu’au moment où un « crew member » nous apporte la carte SIM tant attendue …

Essai, échec, essai, pas de réseau, essai, plus de batterie … À demain !

Samedi 20/08 … Internet fonctionne, hourrra, à nous les nouvelles !!!


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