21/08 En soirée, nous avons quitté Dakar à fond les manettes (la cheminée crachait même des étincelles) en zigzaguant entre les bateaux ancrés au large… et avons admiré les lumières sur la ville sous un ciel étoilé.
22/08 Journée en mer.
23/08 Arrivée sur Conakry vers 8h00 du matin. Gros contrastes entre le port de Dakar et de Conakry, cherchez les 7 différences :
Dakar
Conakry
24/08 Demi-tour dans le port, on a l’impression qu'on va arracher les quais mais nous passons à 25 mètres, s’il vous plaît !
On quitte Conakry pour faire un saut à Freetown à 110 km. Arrivée en fin d’après-midi, la carte postale est belle mais la réalité l’est beaucoup moins !
25/08 Pas d’école aujourd'hui car on quitte Freetown pendant la classe. Nous voici en route vers l’équateur… Traversée de l’Atlantique en perspective !
26/08 Larry nous annonce une super party pour samedi… passage de l’équateur, sans doute ?
Fin de journée, nous commençons à comprendre le déroulement de la journée de samedi … baptême, BBQ, Karaoké sous l’œil vigilant de Neptune (ou Poséidon, on ne sait plus trop bien).
Mais Neptune a besoin d’une couronne. Nous prenons d'emblée l’initiative de combler ce manquement. D’habiles petites mains s’activent toute la soirée autour de la fameuse couronne :
Après ce travail créatif, nous allons sur le pont … Waouh, les mots nous manquent pour décrire le spectacle. Le ciel étoilé est splendide, la voie lactée s’étend comme un Milky Way ;-)
27/08 Excitation à bord, tout le monde (équipage compris et surtout Larry) est fébrile. Les marins se mobilisent sur le pont pour préparer le terrain de jeu. Larry et le capitaine s’occupent du BBQ. Les passagers s’habillent en conséquence : maillot de bain et habits usagés.
11h00 Heure prévue pour le début des hostilités, un drame se joue, une averse s’abat sur le Grande Africa … Mais le moral reste au beau fixe comme le soleil qui réapparaît comme par magie 20 minutes plus tard. Tous les passagers, impatients d’effectuer l’épreuve, montent sur le pont.
Tout à coup, nous sursautons au bruit de la trompe de brume annonçant l’arrivée de Neptune (Serguey pour les intimes). À la surprise générale de l’équipage et sans attendre aucune consignes, les deux plus « petits matelots » s’élancent dans le gymkhana dès la mise en route des lances à incendie. Neptune a beau crier d’attendre mais le mal est fait, les autres passagers suivent comme des moutons ! L’eau est salée, très salée, le pont est glissant mais l’épreuve est facile.
À l’arrivée, Larry (docteur pour un jour) vérifie notre pouls et nous incite à boire deux breuvages, l’un de couleur pourpre mais d’un goût indéfinissable et l’autre composé de Bourbon mélangé à de l’eau de mer, pouah, nous voilà baptisés !
Les trois vrais matelots passant l’équateur pour la première fois ont subi la même épreuve mais le corps enduit de graisse de machine, avec des jets d’eau un peu plus puissants, des gobelets un peu plus remplis et surtout deux « petits » coups de tondeuse dans les cheveux ! Bonjour le look !
Neptune est comblé mais, bizarrement, ne retourne pas à l’eau ! Pour votre information, nous avons réellement passé l’équateur vers deux heures du matin la nuit passée.
Neptune annonce la suite des festivités : BBQ à 13h et remise des diplômes.
Après un passage nécessaire sous la douche, nous participons à un festin bien agréable en compagnie de l’équipage sur le pont. Le vin, la bière et l’alcool coulent à flots, les passagers boivent plus que d’habitude mais toujours bien moins que l’équipage. Heureusement, un marin plus ou moins sobre reste à la barre.
Remise des brevets : Papa est une raie qui pique (électrique) ; Maman est une étoile de mer (flattée) ; Pauline, un poisson clown (Nemo) et Loulou est un … requin comme Serguey, alias Neptune, enfin, vous avez compris, quoi ! Serguey adore Louis, Serguey a un petit garçon de 7 ans en Bulgarie … Ceci explique cela.
Le capitaine se dégèle au point de faire des cumulets sur le pont, oui, oui, vous avez bien lu.
Après ces agapes culinaires, nous sommes conviés au Karaoké … Neptune, transformé en cowboy, nous dévoile l’étendue d’un autre talent caché : le chant ! Époustouflant ! Tout ceci sous le regard approbateur du capitaine. Pauline et Louis gagnent un bras de fer avec le capitaine alors que tous les matelots n’y arrivent pas !
L’alcool, la bière et le vin coulent toujours à flots mais cela reste bonne enfant. Un matelot apporte chips, chocolat, bonbons et popcorn frais aux enfants …
À l’heure où nous écrivons ces quelques lignes (22h), les membres de l’équipage les plus valeureux sont toujours au combat. Demain, nous lirons assez facilement sur certains visages le nombre d’heures de sommeil effectuées ! C’était le récit d’une journée inoubliable pour chacun d’entre nous au milieu de nulle part avec pour seuls témoins : la mer, le ciel et quelques poissons volants !
28/08 Dimanche … Le bateau dort … Quelques marins se baignent dans la piscine à l’arrière du bateau (enfin dans la grande baignoire littéralement suspendue au-dessus de la rampe d’accès des véhicules). Les passagers ne peuvent pas l’utiliser et, quelque part, c’est assez compréhensible.
Le bateau vit au ralenti en cette belle journée … au point de ne pas avoir réellement à manger à midi. Les passagers se crispent, nous recevons un huitième de pizza pour dîner. Ce n’est pas drôle car les repas à bord représentent une des activités essentielle pour nous. L’ambiance en pâtit. Le soir, c’est un peu mieux. Larry nous avait bien prévenu que le bateau devait vivre sur ses dernières réserves mais Vitòria au Brésil nous paraît encore bien loin. Je me permets de le communiquer à un officier ; ce qui engendre deux conséquences : l’une positive, nous recevons trop à manger (pâtes, riz, etc.) les jours suivants ; l’autre beaucoup moins drôle, Larry est un peu vexé. J’ai perdu quelques points sur ce coup-là et cela plombe un peu mon moral car je ne voulais ennuyer personne mais assurer le repas de mes enfants … Haaa, le réflexe maternel !!!! Je vais discuter avec Larry pour m’excuser.
31/08 Ces quelques derniers jours ne sont pas à conserver dans les annales car le bateau paraît de plus en plus petit pour 37 personnes et tout le monde rêve de revoir un morceau de terre. Pauline est sans aucun doute la plus concernée par ce manque d’espace et les contraintes d’un bateau. Elle nous fait carrément un petit coup de blues … Peut-être, est-ce tout simplement le fait qu’elle réalise qu’elle rate la rentrée à l’école de Remagne, au patro, à la gym, au tennis ; qu’elle pense à tous ces petits amis qu’elle ne verra pas pendant longtemps ; qu’elle se rend compte que deux ans, ce n’est pas un mois, … et nous essayons dès lors de la distraire comme nous le pouvons !
Pour éviter de sombrer dans des pensées trop noires, nous nous proposons de vous présenter le bateau. Cela vous oblige également à attendre le récit de l’arrivée au Brésil et vous met dès lors dans une situation d’attente, juste comme nous, NA !
Le bateau est composé de 13 ponts (étages). Tout au fond, en bas, il y a les réserves de carburants divers et les ballasts. Aux deuxième et troisième ponts, il y a le moteur, des parkings et l’accès principal du bateau via la rampe. Les ponts 4 à 11 sont principalement composés de parkings. À l’avant du pont 8, le bateau est découvert pour le stockage au choix de containers ou marchandises diverses. Sur ce pont, il y a également deux grues de manutention absolument indispensables dans certains ports n’en disposant pas. Le pont 12 nous concerne directement car il représente notre espace de vie intérieure. Il y a toutes les cabines (équipages et passagers), les salles à manger (équipage, officiers, passagers), la cuisine, les réserves, les laveries, la salle de sport, le salon d’accueil des autorités accessibles pendant les traversées, le bureau. Toutes les cabines ont des hublots extérieurs à l’exception de celles des passagers. Nos cabines sont également plus petites. Les officiers possèdent de petits appartements.
En bleu, nos deux cabines. En vert, la salle de sport et, en jaune, notre salle à manger.
Le pont 13 (à 34 m de hauteur) est principalement extérieur à l’exception de la passerelle, de « l’hôpital », des installations de ventilation et climatisation et de la grosse cheminée. L’arrière du pont est réservé à l’équipage (avec « piscine » et demi-terrain de basket) ; le pont avant est accessible aux passagers. Les équipements sont sommaires mais fonctionnels, les meubles sont fixés et adaptés à des mers plus agitées. Le bateau a été construit en 1998 et présente quelques usures par endroits. Pendant les traversées, l’équipage travaille à l’entretien du navire, à savoir, peinture, soudure, nettoyage, etc.
L’équipage est composé d’officiers et de matelots. Il y a un commandant, un premier (Venti), un second (Sergueï) et plusieurs troisièmes philippins (dont Léo et Melvin (l’infirmier)). Il y a également un chef mécanicien moteur russe, un chef mécanicien entretien général et un contremaître, tous les deux bulgares. Dans les matelots philippins, il y a le cuistot (Larry), le chef d’équipe (Dante), le steward (Jimmy) et le reste de l’équipage plus ou moins spécialisé. Ils sont tous sympas mais, en tant que passagers, nous remarquons une hiérarchie clairement définie qui, parfois, paraît quelque peu choquante.
L'équipage lors d'un exercice de sauvetage
Bon, réveillez-vous, nous arrivons à Vitòria … en cette belle fin d’après-midi.
Mais reprenons les événements dans l’ordre. Midi, nous dînons. Tout à coup, Bernd nous annonce qu’il voit une montagne … Mais, non, c’est un nuage … Ben si, c’est une montagne. Les passagers avalent leur repas, jettent littéralement leur vaisselle dans l’évier de Jimmy et se ruent sur le pont : Terre, terre en vue ! 5 jours passés sur les flots et nous sommes comme des gamins à gesticuler parce que nous voyons un morceau de verdure … Nous pensons réaliser ce que les équipages des grands explorateurs devaient ressentir … Après des semaines de mer, voir la terre ressemble à une renaissance. Le moral des troupes est boosté à la vue d'un simple morceau de caillou. On se parle comme si nous ne nous étions pas vus depuis des jours, il y a tant de choses à raconter en voyant une plage, un phare, une montagne, un paysage inconnu. Quelle euphorie !
Il faut dire que le Grande Africa aime nous mener en bateau, haha (elle est bonne, celle-là, non ?). L’entrée du port de Vitòria est lente, longue, belle, étonnante. On passe sous un pont, vous imaginez ? Nous n’étions plus passés sous un pont depuis un mois ! Mais quel pont, il est énorme, gigantesque, majestueux … Bon, Françoise, calme-toi ! Arrête d’exagérer et redescends sur terre. L’arrivée à Vitòria est très belle, point ! Voyez par vous-même après tout :
Ces derniers jours et, comme si notre navire voulait nous tester, le cargo tanguait beaucoup plus : au point que Louis glisse de bas en haut dans son lit, au point de solliciter notre équilibre et nos chevilles et d’avoir des courbatures de marcher comme des soûls en permanence. Nous étions donc également heureux de stopper le moteur … Mais, non, le moteur ne s’arrête jamais … Haha, vous ne saviez pas ça non plus, hein ! Hé oui, le bruit est permanent sur un cargo ; en mer, à quai, cela ne s’arrête jamais. En mer, moteur, clim, roulis et tremblements. À terre, moteur (3 monstrueux groupes électrogènes) et clim. La différence entre les deux est faible et il faut être subtil pour détecter quand le bateau bouge réellement !
Ces derniers jours (oui, oui, aussi), nous avons commencé à voir de plus en plus de baleines et dauphins et, bizarrement, beaucoup moins de poissons volants. Les observer nécessite un minimum de patience, les enfermer dans la boîte noire exige une rapidité que nous n’avons apparemment pas. Vous nous croyez ou pas, c’est pareil ! Disons qu’avec les animaux marins, il vaut mieux passer son temps à les observer et enregistrer l’image dans la boîte crânienne que de perdre son temps à essayer de les photographier et de ne rien voir finalement.
Bon, nous étions donc arrivés à Vitòria et le bateau a arrêté de tanguer et j’ai mal dormi car je me suis habituée au bercement du bateau et j’ai dorénavant besoin que l’on me berce … Compris Loulou. Bon, pas sûr que Ouistiti berce aussi bien que le Grande Africa ;-)
01/09 C’est la rentrée !! Bonne nouvelle aujourd’hui et ce, suite à un conseil de classe composé du directeur et de « Madame », c’est cours de gym et de géographie ! Madame donne le cours de gym et Monsieur le directeur, le cours de géographie. Le cours de gym commence sur le pont. On en profite car le bateau est à l’arrêt mais un élève dissipé regarde partir un autre gros cargo. Pauline déguste, elle court, saute, fait exactement tout ce que Madame demande de faire. Elle sue, elle est heureuse. Louis accomplit les exercices avec moins d’entrain mais bouge quand même ses petites fesses (restons poli). La suite du cours se déroule dans la salle de sport. L’un joue au ping-pong avec Madame pendant que l’autre exécute une dizaine de mouvement sur un appareil. Ensuite, relaxation au sol et discussion sur ce que l’on a aimé ou pas. Louis adore la relaxation (tiens, tiens, on ne bouge pas trop quand on se relaxe) et Pauline a tout aimé (tiens, tiens, on retrouve notre petite Poupoune joyeuse et rigolote). Comme quoi un bon cours de gym et la machine est à nouveau en route !
À Vitòria, nous déchargeons (enfin, les dockers déchargent) 70 Porsche blinquantes et rutilantes … C’est excessivement rapidement réalisé et, sur les quais, les petits bijoux disparaissent tout aussi vite. Sécurité, sécurité. Nous comprenons mieux pourquoi l’équipage était aussi stressé en Afrique et que le même équipage était aussi rassurant pour nos camions ; il y avait plus précieux que nos montures dans les cales …