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Les Hauts de Hurlevent …

Back to the Road 40 … back to the dust and the wind and the pampa … Ce vent n’arrête jamais, jamais, il est soutenu (80/100 km/h) avec des rafales à 150 !!! Nous en avons assez de pousser pour marcher, de pleurer pour évacuer la poussière de nos yeux, de réfléchir à deux fois dans quel sens garer Titi pour avoir la porte du bon côté, de manger du sable, de rattraper son mouchoir, de pisser dans le bon sens … La pampa plate n’arrête pas le vent !

Nous aimerions nous poser un peu après ces deux semaines bien chargées en promenade … Nous décidons d’aller au parc Perito Moreno car, de ce fait, nous quitterons quelques jours la pampa. Quelle bonne idée, sauf que ce parc est l’endroit le plus venteux qui existe sur la planète !

Le parc est étonnant ; quand on arrive, on voit les montagnes depuis longtemps et, finalement, on s’arrête avant de pouvoir vraiment commencer à monter … La beauté de ce parc réside dans sa faune très variée : flamants roses, oies, cygnes, canards, lièvres, oiseaux multiples, nombreux guanacos, renards, sauterelles géantes, taons ennuyeux, huemuls invisibles et pumas improbables … La guardaparque, Paola, (après Mathilde et Fabiola, la gendarmette de Puerto Natales, il ne nous manque qu’Astrid, Elisabeth, Marie-Henriette et Louise-Marie … !) nous annonce tout de go qu’on ne verra pas de huemuls (= le cerf local) car il vit dans les montagnes. Par contre, nous avons des chances de rencontrer un puma … Vous croyez réellement qu’avec deux enfants qui piaillent en permanence, on peut voir quelque chose, vous ? Hé bien, non, puma, il n’y eut toujours pas ! La charmante Paola ajoute très sérieusement dans son discours qu’il n’est pas raisonnable de faire la promenade de la vallée des condors par grands vents car les enfants pourraient s’envoler ! Ok, merci pour l’info, on évitera ce secteur, c’est promis !

Bon, pour un photographe animalier ;-) le parc vaut le détour car les animaux pullulent réellement à tous les coins de sentiers … venteux (je me permets de vous le rappeler !). Nous irons donc nous réfugier dans le bivouac obligatoire du Lago Burmeister où un semblant de forêt permet de s’abriter du vent. Là-bas, il faut choisir, se cacher dans la forêt et être à l’abri du vent ou admirer le lac dans le vent … Soyons fous, nous choisissons la vue, bien évidemment ! Les enfants rencontrent deux autres enfants argentins de leur âge, Marco et Mica, et jouent à chat perché après avoir construit des jardins japonais ensembles ! Quelle belle rencontre, nous finirons par échanger nos adresses et nous seront invités à Mar del Plata (dommage car ce n’est vraiment pas sur notre route …)

Ce soir, nous voyons un coucher de soleil incroyable et nous pardonnons au vent car, vraiment, le ciel argentin est toujours surprenant grâce à ses magnifiques nuages, merci !

12/01 L’école a repris depuis lundi et les activités extra-scolaires sont forcément plus courtes ; nous décidons de faire la promenade de 20 minutes (!) jusqu’au mirador du lac … 40 minutes aller-retour de ventilation complète de toutes les pores de la peau à travers nos habits nous fatiguent suffisamment pour la journée !

Fin de journée, nous changeons d’endroit pour aller plus au nord du parc ; nous stationnons sur une fosse d’un garage démoli près d’une maison d’un autre guardaparque où il y a du wifi, oui, oui, du wifi … Je mettrai en ligne l’article « anecdotes », debout dans le froid et le vent à 3 mètres de la fenêtre de la maison avec une connexion avoisinant la 1G … Je me gèlerai pendant 1h30 pour le mettre en ligne juste pour assouvir votre soif de lecture le vendredi matin en arrivant au bureau !!!

13/01 Un renard rôde autour du camion, nous le regardons pendant l’école.

Début d’après-midi, nous attaquons le cerro Leon. La promenade est très facile à suivre car on la distingue depuis des kilomètres à la ronde …

Nous garons Titi au milieu de la plaine et commençons par traverser des touffes d’herbes jaunies à vie dans du sable.

Rapidement, on découvre que cette plaine grouille de vie, il y a des sauterelles et des scarabées géants, des mouches, des araignées, des oiseaux … Une multitude de bestioles que nous ne pouvons pas apercevoir quand on roule avec Titi. Les petits s’arrêtent régulièrement pour les observer. Le vent est de face et nous nous arcboutons pour avancer. La montée commence, le vent faiblit. Nous arrivons à un petit col et découvrons les deux côtés de la colline ; l’une, aride, l’autre, jonchée de lagunes multicolores. Nous tournons à 90° pour attaquer le cerro Leon. Nous sommes à l’abri du vent et avançons rapidement à travers des buissons épars. La végétation disparaît, la roche apparaît et deux guanacos nous regardent avancer en se demandant ce qui nous amène là.

Et, puis, soudainement, nous nous plaquons au sol car nous avons retrouvé notre grand ami « le vent ». Le sommet est à une vingtaine de mètres seulement mais nous n’y arriverons jamais … Pauline se fait mal aux genoux en avançant à 4 pattes, Louis s’assied et se cramponne à son bâton, Dominique essaie de voler et, moi, super motivée, je sors l’appareil photo et prends quelques photos à l’aveugle que je découvrirai plus tard sur mon écran … C’était très beau là-haut mais on n’a rien vu !

Un peu désabusés, nous quittons le parc Perito Moreno … pour découvrir des mains, un peu plus loin, dans la pampa. Explications : Il y a environ 9000 ans (en 7000 AC), les habitants de la région de Perito Moreno ont commencé à laisser des dessins de mains à 70 mètres de hauteur d’une paroi d’un magnifique canyon.

Dans la région, des roches de couleur assez diverses leur procuraient les pigments ; ils les mélangeaient à de l’urine et peignaient des scènes de chasse mais surtout des mains. Les archéologues pensent qu’ils voulaient ainsi marquer leur territoire. La roche très poreuse absorbait la peinture sur une certaine épaisseur. Grâce à cela, les dessins sont très bien conservés. Pour réaliser les mains en pochoir, les indiens soufflaient la peinture à travers un roseau sur le périmètre de leur main. On remarque ainsi que la plupart des mains sont des mains gauches pour permettre au souffleur de tenir le roseau de sa main droite.

Les scènes de chasse évoluent également au cours des millénaires ; d’abord, les guanacos dessinés sont assez statiques, ensuite, on les découvre en train de courir et, finalement, vers le XIIIième siècle après JC, les femelles guanacos sont représentées comme étant pleines représentant ainsi l’importance de la reproduction de la principale source d’alimentation des indiens. Pendant toute cette période, des mains ont été dessinées, mais également en moindre mesure des pattes de nandous, des pumas, des lézards et des scènes de danse.

14/01 Nous visitons donc cette corniche en compagnie d’une bien sympathique guide nommée Carolina. Les petits sont très intéressés et lui posent plusieurs questions. Dans les jours qui suivent, nous dessinons en « classe » une ligne du temps afin d’y placer « La cueva de las manos », mais nous en profitons pour placer le paléolithique, le néolithique, l’âge du feu, du fer, le début de l’écriture et « Lascaux ». Nous réalisons que l’histoire des indiens de Patagonie est très récente. Nous calculons également les kilomètres de ligne du temps qu’il faudrait pour placer les arbres pétrifiés déjà rencontrés précédemment. C’est très chouette comme leçon et nous oblige à revoir notre histoire ; cela nous amuse tous beaucoup !

Fin de journée, nous décidons de quitter l’Argentine via le Paso Roballo ; nous empruntons donc la ruta 41 pour monter vers ce col. La piste est mauvaise mais les paysages grandioses ; nous bivouaquons le long d’une rivière afin de faire du pain.

Ni une, ni deux, voilà les petits en train de concasser de la roche colorée afin de réaliser leurs « manos » … histoire de perturber aussi les archéologues du coin ;-)

En fin d’après-midi, nous demandons aux enfants de cueillir un bol de calafates. Ils le font courageusement car l’arbuste à calafates est un épineux … bien piquant ! Nous faisons un pot et demi de délicieuse confiture que nous nous permettons de déguster uniquement le dimanche, histoire de faire durer le plaisir !

Dimanche 15/01, nous continuons notre route vers le Chili et sa légendaire carretera australe n°7 très humide. Nous arrivons dans l’après-midi au col et nous découvrons un paysage de toute beauté : des lagunes, des montagnes, des ruisseaux (oui, enfin, de l’eau en abondance), des arbres et beaucoup de gros oiseaux (flamants, oies, canards, etc.) Côté douane argentine, nous débarquons dans une basse-cour et les douaniers nous offrent des tortas fritas (=sortes de beignets).

Douze kilomètres plus loin, nous découvrons un poste beaucoup mieux organisé avec des douaniers en admiration devant Titi. Cela n’empêche pas le douanier de contrôler tous les placards du camion pour vérifier si nous n’importons rien de périssable … Il tâte même les sièges des enfants et me déclarent qu’ils ont l’air de vraiment bonne qualité ! Je veux bien vous croire, Monsieur, ce sont des Recaros ! Après avoir pris une énième photo de Titi, ils nous laissent passer sans souci ! Nous débarquons sur une bien meilleure piste dans une vallée totalement protégée par Mr Tompkins en personne (patron de Patagonia, North Face, Esprit), c’est la vallée Chacabuco … Il veut en faire le Torres del Paine du Nord de la Patagonie … Oui, d’accord, la vallée est très jolie ; il y a des centaines de guanacos et des condors assez visibles mais également des renards, des pumas, des huemuls toujours aussi invisibles ! Dans les guides touristiques, une pub incroyable est faite à coup de millions, c’est assez choquant. Nous prévoyons que cette pauvre vallée va devenir « le safari sud-américain » que tous les gens riches vont se payer pour voir ces bêtes qui seront entretemps plus ou moins apprivoisées. Vous devriez voir le complexe d’accueil en construction ; on dirait un quartier riche californien … en plein vent (Mon Dieu, les pauvres touristes, ils vont être tout décoiffés !) Aucune intégration architecturale, ni climatique : c’est choquant tout simplement. En quittant cette vallée, nous sommes presque sur le point de revendre nos quelques habits portant le nom de ces marques ! Enfin, nous avons profité que le parc est en construction, donc totalement gratuit et avons donc eu la chance de dormir au milieu d’une horde de guanacos.

J’en ai même vu deux se cracher l’un sur l’autre comme dans Tintin ! Bon bye, bye le vent … À nous la pluie chilienne, nous dit-on !


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