Nous débarquons à Cochrane par un bel après-midi d’été, il fait très doux et ensoleillé. Nous sommes-nous trompés de route ? Non, non, nous sommes bien sur la mythique Carretera Austral 7 et nous tombons à nouveau sur Jean-Paul et Françoise que nous n’arrêtons pas de croiser depuis Ushuaia ! Sur la place de Cochrane, il y a un « Supermercado » où l’on trouve absolument tout : des clous au kilo, du tissus au mètre, des œufs, un palan de 20 T, des sacs de farine de 20 kg, des chaussures de marche, des armes, etc. Un vrai bric-à-brac où c’est amusant de se promener. Mais quand le pain frais arrive, il vaut mieux être dans les parages pour pouvoir en profiter. Quant aux fruits et légumes, il n’y en a pas lors de notre premier passage. C’est assez ennuyeux car nous venons d’Argentine et donc, nous n’avons plus rien de frais !
Nous découvrons également le point « ChileGob », point WIFI gratuit dont nous profitons toute une soirée !
Nous continuons notre route vers le sud afin d’atteindre Caleta Tortel qui est, paraît-il, très jolie ! La route est magnifique ; je parle des paysages bien évidemment car la piste, elle, est bombée et jonchée de nids de poule.
Nous nous croyons quasiment en forêt équatoriale tellement la nature est luxuriante mais les températures ne suivent pas, bien sûr !
Quel changement avec la pampa : nous ne faisons pas 50 mètres sans voir de l’eau. Là, une cascade ; plus loin, un ruisseau ; ensuite, un marécage ; nous levons les yeux et voyons un glacier …
Les yeux ont bien du mal à suivre ce spectacle magnifique et très varié. Nous nous arrêtons au bord de la route pour bivouaquer.
18/01 Nous arrivons tôt à Caleta Tortel pour être sûrs de trouver un parking …
Hé oui, Tortel est un petit village côtier entièrement construit sur pilotis ; les maisons sont uniquement accessibles via un labyrinthe de passerelles.
Il n’y a donc qu’un petit parking à l’entrée du village ! Nous découvrons l’endroit encore à moitié endormi vers 10 heures du matin.
Les locaux vaquent à leurs occupations très nonchalamment, nous sommes quasiment seuls à déambuler dans le dédale de passerelles ; certaines sont au niveau de la mer, tandis que d’autres sont à une trentaine de mètres d’altitude. Nous réalisons à quel point le village n’est pas pratique quand nous découvrons des ouvriers qui transportent des sacs de ciment de 40 kg vers un chantier situé à quelques encablures du parking. À Tortel, les passerelles sont très belles … Malheureusement, les locaux n’ont aucune sensibilité architecturale, ni structurelle d’ailleurs car toutes les maisons (en ossature bois) sont construites de bric et de brocs et ne ressemblent pas à grand-chose …
Même Mamy est passée par là !!
Côté face
Côté pile !!!
Nous sommes très déçus ; nous nous étions fait une telle joie de découvrir un petit village tout en bois et, de surcroît, sur pilotis. Par chance, c’est l’été et les allées sont fleuries.
Découvrir ce village sale et mal entretenu nous désenchante malgré tout … Qu’à cela ne tienne, j’ai vu dans le coin de l’office du tourisme une vieille carte défraichie indiquant une promenade jusqu’au sommet du mont surplombant le lieu ; la petite demoiselle employée à vanter les multiples attraits du lieu me regarde de travers et me prévient qu’elle n’est plus praticable à partir du deuxième mirador.
Nous nous lançons malgré tout à l’assaut de cette promenade qui ne paraît pas bien méchante. Mais dès les premiers escaliers enfilés, nous nous retrouvons face à des patinoires dans lesquelles sont plantées des planches sensées retenir nos pieds lors de la montée. Nous réalisons bien vite qu’il est plus facile de monter que de descendre.
Arrivés proche du deuxième mirador inaccessible, nous voyons au loin d’autres personnes qui ont continué la promenade pensant très certainement comme nous : qu’il n’est pas possible de redescendre par où nous sommes montés … La vue est magnifique !
C’est alors qu’un jeu de chat perché commence sur les touffes d’herbes non immergées …
Imaginez-vous traverser les fagnes en sautant de touffes en touffes pour ne pas vous mouiller les pieds. Nous traversons ainsi une fange assez bizarre située au sommet d’un mont truffé également de rochers bienvenus. Les petits adorent car ça : c’est l’aventure, n’est-ce pas ? Surtout quand Maman déclare que ce n’est pas grave si les pantalons sont sales et que Papa démonte les panneaux indicateurs pour créer des passerelles pour les plus petites jambes … Nous nous amusons réellement comme des petits fous mais sommes également tout heureux de retrouver les passerelles de Tortel que nous devons traverser une fois de plus pour rejoindre le parking. Les nombreux touristes regardent passer la petite famille crottée et hilare d’un air assez surpris. Mais d’où sortent ces hurluberlus ! Nous ne demandons pas notre reste et quittons les lieux sur le champ. Nous logeons bien tranquillement dans une ancienne carrière le long de la carretera.
19/01 La livraison des légumes est arrivée au « Supermercado » de Cochrane, nous nous ravitaillons de courgettes à prix d’or ! Hé oui, possédant le monopole au bout du monde, le marchand local peut se permettre de faire grimper les prix comme il veut, n’est-ce pas ? Nous nous faisons avoir une fois mais imaginez les locaux qui paient ces prix toute l’année … Nous sommes choqués mais, à part une nature magnifique mais oh combien inhospitalière, il faut aussi vraiment le vouloir pour habiter ici ! L’accès est assez récent, vraiment difficile et fastidieux et, selon les dires, il pleut tout le temps ! Sauf quand les Palous passent bien sûr !
20/01 Nous remontons la carretera australe vers le nord. Cette route mythique traverse toute une région parsemée de magnifiques parcs nationaux. Malheureusement, cette même route a la réputation d’être traitresse pour tout engin à moteur et/ou à roues. Nous roulons donc au pas dans les tronçons vraiment trop défoncés mais la plupart des chauffeurs roulent comme des fous et déglinguent leur machine à qui mieux mieux ! D’un autre côté, nous avons le temps, ils ne l’ont peut-être pas ! Mais rouler lentement permet également de profiter du paysage et, pour cela, nous sommes vraiment servis. Nous longeons tout un moment le Rio Baker, aussi appelé « Rio des Sauvages Caucaos », car c’est la rivière ayant le plus gros débit du Chili. Il saute de rocher en rocher pour finalement rejoindre la mer à Tortel ; il est réellement impressionnant.
Nous découvrons d’où vient ce débit d’eau en arrivant au lac Général Carrera, le deuxième plus grand lac d’Amérique du Sud après le lac Titicaca. Ce lac ressemble à une mer tellement il est grand mais il fait également miroiter une palette de couleurs assez diverses allant du vert au bleu turquoise en passant par des couleurs plus sombres quand le vent se lève ; il est d’ailleurs aussi appelé « Lac des Tempêtes ». C’est splendide.
Nous longeons d’abord le lac par l’ouest pour rejoindre Puerto Rio Tranquillo et nous quittons la carretera pour monter dans la vallée Exploradores où nous allons découvrir le glacier du même nom.
En terme de glacier, nous commençons à en avoir vu une sacrée fourchette mais celui-ci est totalement différent … Il est énorme et s’étend sous nos yeux en emportant une quantité assez invraisemblable de moraines qui tapissent littéralement une bonne partie de la vallée.
Nous continuons encore un peu plus loin dans la vallée et bivouaquons seuls au monde le long d’une rivière où les enfants créent un chemin d’accès vers une île située en son milieu qu’ils appellent « Isla Marius ». Nous avons droit à une visite guidée ; on y trouve des minerais exceptionnels, des pierres précieuses et des morceaux d’arbres pétrifiés … oui, oui, pas moins que cela.
22/01 Nous restons une journée entière sur place et cela fait un bien fou. Les enfants jouent sur l’île, Dominique chipote à son camion et moi, je prépare le repas d’anniversaire de Mademoiselle Pauline. C’est agréable d’être chacun de son côté pour se retrouver un peu avec soi-même … Pauline est enchantée ; elle reçoit le cadeau de son frère et déguste avec beaucoup de plaisir les zakouskis au thon mayonnaise, suivi d’un filet de saumon aux courgettes et riz parfumé et, enfin, éclate de joie en découvrant la mousse au chocolat préparée avec amour (et huile de bras) par sa petite Maman. L’après-midi ressemble au matin mais je blanchis du linge cette fois au lieu de salir mes casseroles et nous faisons du pain !
23/01 Oyez, oyez, bonnes et nombreuses personnes présentes, c’est l’anniversaire de Pauline. Notre petite fille a 10 ans !!! Mon dieu, que ça file !
Malheureusement, Titi et son chargement se lève sous la pluie aujourd’hui … Mais vraiment, une vraie pluie … Celle comme en Belgique, vous voyez ? Oh zut, et nous qui voulions visiter les Capillas de Marmol pour les deux lustres de Poupoune … Bon, nous reprenons la route détrempée mais la vallée reste magnifique car un peu mystérieuse à cause de la brume. Malgré l’humidité, nous apercevons de nombreuses cascades et ruisseaux dévalant les versants des montagnes avoisinantes. Et puis, là-bas, au fond de la vallée, vers le lac, nous pensons voir une éclaircie. Mais, oui, j’ai vu un coin de ciel bleu sur le lac. Nous reprenons espoir et cherchons le puerto Marmol pour prendre le bateau afin de découvrir ces fameuses capillas. Par chance, nous traînons un peu et voyons un bateau partir peu après notre arrivée. Nous devons attendre qu’un nouveau bateau se remplisse et l’attente est longue … Nous désespérons de voir arriver d’autres touristes qui se pointent finalement et nous démarrons enfin … Quand nous arrivons sur place et ce, comme par enchantement, le ciel se dégage totalement, le soleil apparaît et transforment littéralement l’environnement en un lieu scintillant : l’eau fait briller le marbre de mille feux !
C’est magnifique et Poupoune est enchantée de voir cela pour ses 10 ans !