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¡ Bienvenidos a Bolivia !


Si vous lisez ces lignes, c’est que nous en sommes sortis vivants ! Nous ne sommes pas morts de froid, ni isolés dans la montagne à 5000 mètres d’altitude ! Et pourtant, nous avons eu chaud (enfin froid !), même très chaud (même très froid !!!).

Mais commençons par le début !

Passés la frontière, nous sommes projetés en Bolivie … En effet, Villazòn est la petite ville frontière côté bolivien. Autant, La Quiaca est mortelle comme la plupart des villages argentins ; autant, Villazòn est exubérante d’activités, de vendeurs ambulants, de bureaux de change, de charettes, de voitures, d’Indiennes assises sur les trottoirs derrière un sac d’oignons, de tomates, de pommes de terre… J’adore mais nous détonnons d’autant plus également. On nous regarde passer avec des regards curieux, admiratifs, agressifs, indifférents et nous nous faufilons à travers cette cohue.

Arrivés à la sortie de la ville, premier contrôle policier et bienvenue !

Quelques kilomètres plus loin, péage ! Nous n’avons pas de bolivianos, que faire ? La petite dame nous montrant fièrement son unique dent est imperturbable ; nous devons payer en bolivianos.

Nous négocions un peu mais devons bien nous résoudre à rebrousser chemin et changer quelques pesos argentins … Hé oui, les banques sont fermées à cette heure-ci et nous espérions pouvoir retirer de l’argent mais impossible … Il n’y a pas de distributeurs automatiques !

Nous revoyons donc le panneau « Bienvenidos a Bolivia » !

Bon, finalement au bout de quelques kilomètres vers Tupiza, nous nous arrêtons en retrait de la route pour bivouaquer.

22h30 Boum Boum Boum, on frappe sur le camion … brigade anti-narcotique volante qui vérifie notre identité. Je m’énerve un petit coup sur eux mais Dominique me calme rapidement en m’expliquant qu’ils accomplissent simplement leur travail … Nous nous endormons paisiblement.

01/06 Direction Tupiza, change d’argent, achat de nourriture, essai de connexion internet (0,5G), renseignements sur l’état des routes et sur la météo du Sud Lipez … Bizarrement, depuis que l’on parle du Sud Lipez, les gens nous mettent en garde contre le froid et nous souhaite « Bonne chance » ! Mais la petite dame bien sympathique de l’Agence touristique locale me rassure : les routes sont dégagées et le temps est correct là-haut.

Ok, démarrons, alors ! Nous faisons quelques kilomètres et décidons de nous arrêter à 3750 mètres d’altitude afin de nous acclimater à cette hauteur. La vue est superbe et l’endroit tranquille.

De bonne heure, le lendemain, des 4x4 passent avec des touristes. C’est rassurant : nous sommes dans la bonne direction et les locaux osent y aller actuellement aussi !

Nous avons acheté deux cartes routières de la Bolivie ; aucune des deux n’est correcte ! Nous avons trois programmes GPS, seul un semble connaître les bonnes routes et chemins ! Tout va bien !

Nous avançons péniblement sur un mauvais ripio jusqu’à San Antonio de Lipez. Six heures de route pour avancer de 150 kilomètres aujourd’hui ! Nous montons au-delà des 4900 mètres d’altitude et Louis est un peu groggy mais rien de bien grave finalement. Par chance, l’environnement est superbe.

Au milieu de nulle part, nous rencontrons une indienne qui nous arrête pour nous demander si nous avons croisé una flota …

  • Non, rien !

  • Quand repassez-vous ?

  • Nous ne pensons pas repasser … Si nous croisons le bus, nous l’informerons que vous l’attendez !

  • Ha, c’est gentil. Hasta luego.

  • Hasta luego y suerte.

  • Gracias.

Nous ne verrons aucun véhicule jusqu’à notre bivouac … Pauvre petite dame !

Nous dormons à côté d’un rio à moitié gelé, nous sommes à 4200 mètres d’altitude, l’endroit est tranquille.

Quand nous nous réveillons le lendemain, la condensation à l’intérieur de nos doubles-vitrages est gelée … la température extérieure a dû chuter à -20°C au moins ! Heureusement, le ciel parfaitement bleu de l’Altiplano est au rendez-vous et le soleil réchauffe rapidement l’habitacle !

Titi démarre sans broncher, il fume juste un peu mais il est constant et pareil à lui-même ! Merci Titi !

Aujourd’hui, nous nous rapprochons réellement du parc national « Fauna Andina Eduardo Avaroa » (Sud Lipez). Nous traversons un ancien village colonial de mineur où les chinchillas s’en donnent à cœur joie dans les ruines.

Nous montons et descendons invariablement au-delà des 4200 mètres en flirtant avec les 5000 mètres mais toute l’équipe est en forme.

Nous nous fions également à notre seul GPS et ne croisons pas grand monde. Un grand sentiment de solitude nous envahit. Nous faisons 120 kilomètres en 7 heures …

Nous dormons à nouveau le long d’un petit rio à 4200 mètres d’altitude, nous sommes aux portes du parc national. Enfin !

04/06 Taratata, sortez flûtes et trompettes ! Mon Loulou fête son anniversaire !!! Les petits et moi chantons et Dominique reçoit un nouvel ordinateur confectionné par la fine équipe des moins de 11 ans !

Nous reprenons la route, déboursons notre droit d’entrée et découvrons quelques kilomètres plus loin un horrible village, Quetena Chico, où nous dénichons du lait en poudre et huit œufs.

Nous nous dirigeons vers la laguna Colorada pour commencer … Le chemin est toujours mauvais mais, cette fois-ci, à cause de congères qui l’envahissent. Nous sommes obligés de faire du hors-piste pour avancer mais les traces d’autres véhicules nous rassurent …

Et puis, tout à coup, la voilà qui se dévoile, cette magnifique lagune … Elle est bien rouge et remplie de flamants ! La descente vers la lagune est splendide malgré le temps de plus en plus couvert.

Nous nous arrêtons afin de nous approcher au plus près de cette merveille naturelle.

Il fait froid et venteux mais nous sommes heureux d’être là !

Nous décidons de nous rapprocher des montagnes afin de nous abriter pour la nuit. La lagune est balayée par le vent et nous cherchons un écran pour casser ce vent glacial … Nous trouvons plus ou moins notre bonheur dans un petit canyon dont un côté est tapissé d’énormes congères.

Nous sommes à 4370 mètres d’altitude et le souffle est vraiment court. Dehors, le ciel est partiellement voilé et nous pensons bien qu’il faudra rebrousser chemin demain car la piste n’a pas l’air utilisée, ni dégagée.

Nous nous réfugions dans notre casa rodante, fermons les tentures et soupons d’un bon repas chaud … Après celui-ci, nous oublions quasiment où nous sommes car les petits nous emmènent au camp Patro … Hé oui, nous avons droit à toutes les anecdotes de leurs trois dernières escapades avec le Patro de Sainte-Marie. Conclusion de la soirée : quand ils rentreront, ils retourneront au Patro car c’est trop chouette ;-)

La nuit est glaciale mais, au petit matin, les élèves sont assidus malgré l’altitude. Et puis vient le moment de faire tourner la clef pour allumer le moteur … Chacun, depuis 3 jours, retient sa respiration et respire d’aise quand Titi, toujours imperturbable, crachote deux fois et puis tourne rond !

Nous partons de bonne heure aujourd’hui car nous voulons atteindre la laguna Verde.

Bon, les autres 4X4 ne viennent pas par ici, nous devons donc bien rebrousser chemin.

Il ne serait pas raisonnable de s’aventurer seuls dans un ripio non emprunté !

Nous devons faire un énorme détour pour … vous n’allez pas me croire … pour apposer un cachet sur le papier de sortie de Bolivie du véhicule. La douane pour les véhicules se trouve près d’une mine à 80 kilomètres de la frontière et à 5000 mètres d’altitude. Nous sommes à 16 kilomètres de ce poste à vol d’oiseau mais devons prendre une piste sur 75 kilomètres pour l’atteindre. Par chance, il y a aussi de très beaux geysers à voir dans ce coin … Le détour ne sera donc pas totalement vain !

Faire demi-tour n’est jamais agréable mais la piste n’est pas trop mauvaise jusqu’à la bifurcation à prendre vers le sud.

À l’embranchement, bonne nouvelle : le chasse-neige est passé … sur 5 kilomètres et puis, plus rien. Nous sortons de la piste et roulons à une dizaine de mètres d’elle. Tout va bien.

Un véhicule nous dépasse et puis, tout à coup, s’arrête et nous laisse passer … Tiens, tiens, le vent a effacé les traces des véhicules précédents et de belles congères se dressent devant nous. Ni une, ni deux, Dominique enclenche le 4X4 et fonce. Je m’accroche à ma poignée de plafond et serre les fesses ! 500 mètres plus loin, je respire, nous sommes passés ! Le véhicule derrière nous ne nous a pas suivis et c’est une sage décision car il ne serait pas passé.

Au loin, nous voyons des phares d’autres 4X4 qui patinent et avancent vaille que vaille. Malgré tout, cela nous rassure de voir des voitures en sens inverse … c’est qu’il y a moyen de passer !

Nous avançons tantôt sur la piste, tantôt à côté d’elle !

Parfois pour en sortir ou y rentrer, nous demandons aux enfants de s’assoir correctement car la manœuvre est dangereuse. Nous montons des marches de 80 cm et Titi est bien secoué. Les abords de la route sont jonchés de cailloux tranchant et le conducteur doit être en permanence vigilant. La copilote l’aide tant qu’elle peut en annonçant ce qu’elle voit de son côté. C’est une attention de tous les instants mais la route est toujours magnifique !!!

Quant aux petits, ils sont super sages à l’arrière, ils jouent aux barbies avec leurs peluches … tout un programme ! Notre lit est devenu le palais de ces miniatures !

Nouveau passage difficile, Titi patine et nous tire trop à droite … Marche arrière, nouvel essai : nous passons, je respire ! Ainsi de suite, jusqu’à ce que nous apercevons enfin la route qui relie la douane « camion » à la douane « personnes » (pour rappel espacées de 80kms). C’est bien beau de voir cette route au loin mais nous ne savons plus avancer, les congères font plus d’un mètre de haut et nous ne voyons plus aucune trace des autres véhicules … Que faire ? Dominique va sonder le terrain mais non, ce n’est vraiment pas possible. Nous prenons la décision de couper à travers tout ! De surcroit, Super Titi décide à ce moment exactement de ne pas vouloir déclencher les 4 petites vitesses (sur 8) ! Dominique doit démarrer en cinquième et ne peut ralentir … C’est alors que nous allons réaliser un rodéo de quelques kilomètres en orientant Titi au mieux entre les cailloux, la neige, les ruisseaux asséchés et les touffes d’herbes pour rejoindre cette foutue route !

Quand nous l’atteignons, il est 14h30 ; nous devons manger ! Je fais un spaghetti-bolo pour nous remettre d’aplomb.

Reprenons nos esprits, nous sommes toujours à 70 kms de la frontière physique et nous devrions nous en écarter encore plus pour tamponner un papier. Le temps se gâte de plus en plus et nous sommes seuls dans le Sud Lipez avec deux enfants ! Sommes-nous fous ? Pas question d’aller chercher ce papier, nous continuons notre route vers la frontière afin de rejoindre le Chili au plus vite …

Quand tout à coup, nous voyons monter un camion vers la mine. Je l’arrête et demande au chauffeur s’il veut bien faire tamponner notre papier.

  • Pas de soucis, attendez au poste de contrôle, j’y serai dans deux heures !

  • Muchas gracias ! Adieu geysers et fumerolles y tutti quanti !

Nous voilà rassurés car, paraît-il, les douaniers ont déjà renvoyé des voyageurs à la douane « camion » car il n’avait pas leur tampon ! Incroyable, mais vrai, nous sommes en Bolivie et pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !

L’ambiance est zen à bord du navire, les petites vitesses s’enclenchent à nouveau sans souci ; Dominique soupçonne qu’une petite vanne était gelée à cause du vent glacial que nous avions à 5000 mètres d’altitude. Nous roulons rassurés et tranquillement vers la laguna Chalviri où nous nous permettons de nous arrêter un quart d’heure pour vérifier la température de l’eau … Elle est bien chaude mais le ciel menaçant et le vent glacial ne nous incitent pas à nous baigner.

Nous continuons notre chemin vers le désert de Dali qui est balayé par le sable et la neige … Nous ne voyons pas grand-chose mais supposons qu’il doit être magnifique sous un beau ciel bleu !

Ciel bleu quasiment omniprésent en hiver, lit-on dans notre guide ! Période idéale de visite : mai à octobre !

Plus loin, au milieu de nulle part, une grosse voiture 4X4 noire s’arrête. Des hommes menaçants en descendent et nous interpellent … C’est un nouveau contrôle anti-drogue à l’approche de la frontière voisine.

Et puis, nouveau coup de théâtre, une autre voiture nous arrête à nouveau … C’est l’équipe de douaniers qui fuit le poste frontière à cause du mauvais temps ! Nous sommes encore à 30 kms de la frontière …

  • Heuuu, vous quittez mais saurons-nous passer ?

  • Oui, oui, pas de soucis, la route est parfaitement dégagée, il suffit d’ouvrir la barrière et de la refermer derrière soi !

  • Heu, vous êtes sûrs ! Et côté chilien ?

  • Oui, oui, pas de soucis, tout est dégagé mais ils vont bientôt fermer la frontière aussi … Vos passeports, s’il vous plaît ?

  • Oui, bien sûr ! Voici !

Quatre tampons plus tard et aucune question pour le camion :

  • 15 bolivianos, svp ?

  • Je ne comprends pas.

  • 15 bolivianos !

  • Ok, c’est bon ….

Je m’étais pourtant promis de ne pas tomber dans le panneau ! Mais je n’ai plus la force de discuter, nous voulons fuir au plus vite.

Par chance, le ripio est en effet bien dégagé et nous avançons très bien jusqu’à la laguna Verde (verte car pleine d’arsenic ! Sympa, je ne m’y baignerai pas !). Aujourd’hui, elle est plutôt gris-vert que vert turquoise comme sur les photos … Le Licancabur dans les nuages, quant à lui, nous impressionne par son côté totalement sinistre, je prends un cliché tout en roulant, bien sûr ! Plus aucun arrêt n’est permis !

Pauline nous parle gentiment à travers la bavette. Dominique et moi, nous répondons à ses questions … Et puis, d’un coup, Dominique saute du camion, court de mon côté, chipote au deuxième réservoir de gasoil, ressaute dans le camion et paraît très inquiet ! Pauline se fait sèchement remballer, je me tais. Que se passe-t-il encore … Titi tousse et … s’éteint.

Dominique sort avec sa clef, ouvre le capot et pompe (c’est ce que j’imagine) car je viens de comprendre qu’il a attendu trop longtemps pour switcher de réservoir et qu’il y a de l’air dans le tuyau d’amenée de diesel au moteur … Moment de grande solitude. Les petits se taisent ; moi, je ne parviens plus à réfléchir … Dominique remonte dans le camion, enclenche le moteur qui se tait … réenclenche une fois, deux fois et vroum, vroum, pouèt, pouèt, tagada, Titi broute, tousse, sort l’air de ses poumons pendant quelques minutes … Une éternité ! Titi éternue une bonne dernière fois et nous voilà repartis ! Vous voilà rassurés, n’est-ce pas ? Ben, nous aussi !

Nous atteignons d’abord le poste de contrôle de sortie du parc. Les deux guardaparques en déroute ne me regardent quasiment pas et me font signe de dégager. Et puis, voilà la frontière avec sa barrière cadenassée … (ouf, le cadenas n’est pas fermé !) Je me fais un plaisir d’ouvrir et refermer derrière Titi : situation totalement surréaliste !

Nous sortons tout seuls de Bolivie. La route chilienne est asphaltée ; nous pouvons nous laisser descendre jusqu’à Atacama …

La route est également verglacée, nous voyons un camion renversé au bord de la route ; Dominique me demande d’aller voir si le chauffeur a été dégagé. Ouf, par chance, il n’y a plus personne dans l’habitacle.

Et puis, nous entamons cette interminable descente vers San Pedro de Atacama … Le soleil se couche, les freins chauffent … 45 kms, 2000 mètres de dénivelé et 1 heure de route pour préserver les plaquettes …

20h00 Nous devons encore passer la frontière chilienne située dans le village, contrôle du véhicule (pas de produits frais, de miel, de viande, etc.), tampons, douane pour le véhicule … Nous nous garons enfin, nous sommes las, heureux d’être sortis de cet enfer … l’adrénaline redescend, nous allons manger un bout dans un boui-boui …

Le rideau tombe sur cet épisode inoubliable de 5 malheureux jours de notre voyage !!! Bonne nuit !

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