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Cela valait bien le détour !

Nous voilà de retour en Bolivie … sur une piste plus que correcte ! Les paysages sont beaux et nous avançons bien.

Nous dormons à San Cristobal. C’est une nouvelle ville minière bien laide ; son histoire est très triste !

Voici un copier-coller d’un extrait du guide « Petit futé Bolivie » racontant la mauvaise blague faite à la population dudit bled de la part d’une multinationale bien peu scrupuleuse …

« En 1995, la multinationale Apex Silver Mines Limited réalise les premières exploitations minières à proximité du village de San Cristobal… Cette région était déjà connue par les Incas et les Espagnols pour ses richesses minières, mais personne jusqu’à présent n’avait vraiment réussi à en connaître les quantités exactes. En 1998 ce sera chose faite : Apex Silver aura « découvert » les plus grandes réserves continentales d’argent, les deuxièmes de la planète. Plus de 360 000 tonnes de minerais sont soutirées annuellement depuis 2007 de cette partie isolée de la Bolivie… Pour les habitants du petit village de San Cristobal, ce nouveau Potosí était loin d’être la bonne nouvelle annoncée dans les journaux nationaux. Leur village, situé en pleine terre sacrée, une terre où les habitants de la région portent un dévouement particulier à la Pachamama (la Terre mère) se trouvait trop proche des précieux minerais. Si proche que la loi bolivienne sur l’environnement protégeait ce village de toute activité minière aux alentours. La multinationale trouvera une solution pour pouvoir exploiter ces gisements fabuleux : si San Cristobal se trouvait trop à proximité des minerais, il suffirait de le déplacer de quelques kilomètres, loin du filon sacré. La population, dans son ensemble, acceptera la proposition d’Apex Silver : être relogée dans un nouveau village à condition d’avoir du travail dans la future mine… Ainsi fut reconstruit dans une des régions les plus venteuses de l’Altiplano ce village moderne et sans charme, aux maisons alignées selon le schéma de construction des quartiers résidentiels aux Etats-Unis …, hélas très peu adaptés à la rigueur du climat de l’Altiplano bolivien. …Une grande partie de leurs traditions a également disparu en même temps que leur village d’origine. Dans ce pays, les gens sont extrêmement attachés à la terre, la Pachamama est une divinité qu’il faut respecter car elle donne les récoltes, elle donne la vie. … Dans un geste conciliateur, l’église coloniale, l’une des plus anciennes et des plus somptueuses de la région, fut démontée et reconstruite pierre par pierre. Mais le cimetière fut transféré sans précaution, ce qui suscita une vive émotion chez les habitants du village. Les corps qui ne furent pas identifiés par leurs parents proches finirent au fond d’une fosse commune. En 2007, toute la population est retournée sur le lieu d’origine. … Ce fut un choc pour eux de voir que là où ils avaient toujours vécu, il ne restait plus rien, que tout avait laissé place à une gigantesque plate-forme pour le fonctionnement de la future mine. Avant la destruction de leur village, les habitants vivaient de la culture du quinoa, de la pomme de terre, des fèves, etc. Maintenant les terres cultivables se trouvent trop éloignées pour pouvoir être utilisées. … Auparavant la terre leur donnait tout ce dont ils avaient besoin, actuellement ils doivent tout acheter pour pouvoir se nourrir. L’argent est devenu omniprésent et a changé les relations humaines, alors qu’avant le troc était encore fort présent. Le travail promis par l’entreprise consiste pour l’instant à casser des pierres pour les futures routes indispensables au transport de minerais. De plus, Apex Silver leur a annoncé qu’ils avaient besoin de main-d’œuvre qualifiée, bien évidemment inexistante à San Cristobal. … Ainsi donc pour ces gens, c’est comme si San Cristobal avait vécu un terrible tremblement de terre. Cette fois-ci ce n’est pas la nature qui est en cause, mais plutôt la politique économique qu’a suivie la Bolivie pendant 20 ans ... Malheureusement pour l’Etat de ce pays andin et ses habitants, Apex Silver aura réussi à négocier un contrat tout à son avantage : pour obtenir la propriété exclusive des plus grands gisements d’argent du continent, elle ne devait payer que 5 % du total des futures exportations. L’Etat ne devait donc recevoir annuellement que 39 millions de dollars sous forme d’impôts, alors que la valeur totale de ces gisements pourrait presque payer l’intégralité de la dette extérieure du pays. … »

Nous voulions visiter la mine mais nous nous démotivons totalement après la lecture de cette histoire. Je demande sans grande conviction à l’office du tourisme si on peut en approcher mais un seul mirador est accessible et nous décidons de fuir vers le salar en rejoignant Rio Grande. Nous y pique-niquons et, rapidement, nos enfants jouent avec de petits Boliviens … Pauline décide même de donner quelques-unes de ses peluches pour le plus grand bonheur de Mariela qui n’arrête pas de discuter avec Louis !

Nous faisons un kilomètre vers le salar et nous nous embourbons ! Dominique s’éjecte de l’habitacle et énumère une série de noms d’oiseaux dont je vous passerai le détail ! Je crie plus fort que lui afin d’éviter de voir apparaître lesdits oiseaux … nous sommes seuls au milieu d’un marais précédent l’accès au salar et nous nous en donnons à cœur joie, vous pensez bien ! Dominique empoigne la pelle tandis que je décroche les plaques de désensablage du toit. Dominique souffle et jure ; moi, je m’applique sur la clef de 13 et essaie de trouver toute seule la clef du gros cadenas pour libérer les plaques du toit et ce, sans solliciter mon compagnon déchainé !

Au bout d’un certain temps ou d’un temps certain (comme vous voulez), nous positionnons les fameuses plaques et Dominique reprend place au volant après avoir soigneusement analysé l’état du terrain alentour … Titi sort du premier coup en tordant totalement une des plaques et je fais signe au chauffeur de continuer jusqu’au terrain parfaitement stable. Je ramasse le matériel et parcours les 100 mètres qui me séparent de Titi, non sans souffler également. Nous rattachons les plaques et désertons le salar. - Je m’excuse de m’être emporté. - Ha, quand même. - Si tu veux aller sur le salar, tu y vas sans moi ; tu n’as qu’à te renseigner sur les tours en 4X4 depuis Uyuni ! Je ne mets pas les pieds (enfin les roues NDLR) avec Titi sur le salar ! - Ok, ok … (inutile de discuter aujourd’hui, je pense)

Nous arrivons tard à Uyuni, il fait noir et nous dormons devant la caserne militaire juste à côté du centre-ville bien animé ; j’adore mais me garde de montrer mes sentiments (restons diplomate).

16/06 La nuit porte conseil et j’émets l’idée d’aller voir jusqu’à Colchani où se trouve l’entrée officielle du salar … J’ai toujours rêvé de montrer le Salar d’Uyuni à ma famille et ce n’est pas un petit embourbement qui va me mettre les bâtons dans les roues … Mais surtout, restons diplomate !

- On va voir et si ce n’est pas possible de s’approcher du salar, on revient. - Oui, bien sûr ! On peut également demander aux chauffeurs sur place, non ? - On verra ! - Oui, oui, bien sûr ! Restons prudents !

Au terme de 5 kilomètres d’une horrible piste en tôle ondulée, nous sommes face à cette incroyable étendue blanche. Le moteur s’éteint et Dominique scrute les alentours. Un carnaval de 4X4 va et vient ! Un bus s’arrête également au bout de la piste et n’effleure même pas le salar. J’attends les instructions. Dominique descend et va sonder les différents accès, je reste impassible et patiente calmement assise à ma place. Il revient et me demande de solliciter l’avis d’un conducteur de 4X4 ; je m’exécute sans précipitation. Le chauffeur me rassure et m’indique l’entrée à suivre. Il ajoute qu’il n’y a aucun problème sur le salar si l’on reste sur les pistes. Je transmets l’information à mon supérieur qui rallume le moteur et s’engage sur le salar … Je lui répète au moins trois fois qu’il faut qu’il se sente parfaitement en sécurité car je ne veux entendre aucun reproche de sa part. Il avance et, finalement, c’est moi qui stresse le plus alors que nous devons passer cet endroit sensible et marécageux qu’est l’entrée du salar …

Nous y voilà et Dominique se jette sur une piste bien visible. Au bout de quelques km, je réalise que nous avons pris la mauvaise directement ; je demande mon chemin à un nouveau 4X4 qui m’indique la piste de l’île Inca Huasi où nous voulons nous rendre.

Après un quinzaine de kilomètres, nous découvrons l’hôtel de sel et son fameux « Monument Dakar », nous nous arrêtons pour prendre quelques photos et fouler pour la première fois ce sol très salé !

Louis ne peut s’empêcher de goûter !

Nous poursuivons notre route jusqu’à l’île que nous atteignons en fin d’après-midi. La lumière est splendide et le salar, majestueux !

J’adore et suis très heureuse d’être là, les enfants aussi et même Dominique qui s’assure que Titi est bien sur un sol stable pour la nuit ! Le salar est formé d’une couche de plus ou moins 15 cm de sel qui recouvre une étendue d’eau d’à peu près 30 cm d’épaisseur. À certains endroits, la couche est plus fine et nous nous enfonçons ; à d’autres places, des trous dans la couche de sel nous informent sur la nature fragile du sous-sol ; il ne s’agit donc pas de se planter !

Nous rencontrons Adrien avec qui nous discutons un peu ; il est français et voyage à moto. Il s’en donne à cœur joie sur le salar avec sa bécane ! Et nous terminons cette belle journée par une soirée crêpes !

17/06 J’écarte le rideau et admire un magnifique lever de soleil mais j’ai la flemme et ne prends pas la peine de me lever pour immortaliser l’instant dans ma boîte noire … Tout le monde dort encore et je profite de cette vue, mais surtout du silence sur cette immensité blanche !

Après le petit déjeuner, nous entamons notre séance photo comme tous les voyageurs qui parcourent le salar … C’est agréable, il fait bon et les enfants trouvent l’exercice amusant.

Pauline est plus motivée que Louis qui se lasse finalement et fait miche popote dans l’eau salée !

Pendant ce temps, deux beaux oiseaux s’attardent près de petit Titi !

Vers midi, mon Loulou nous presse afin de quitter le salar car il ne veut vraiment pas y rester coincé ou embourbé … Nous rebroussons donc chemin et parcourons encore une fois une centaine de kilomètres sur le salar. Nous roulons à 70km/h, la route est plate et rectiligne ; c’est facile ! En dépassant le monument du Dakar, nous croisons une centaine de touristes et il y a un groupe de musiciens qui animent toute la bande … Nous rions franchement lorsque la majorité nous regarde passer ; même les musiciens continuent leur mélodie en nous suivant du regard ! Trop drôle …

Nous arrivons à nouveau à l’endroit critique situé entre le salar et la terre ferme … Dominique s’engage et nous passons sans accroc et, là, tel une équipe de rallye men, il me tend la main et nous félicite … Nous avons visité le salar et sommes sortis indemnes ! J’en ai encore les larmes aux yeux : Dominique trouillait vraiment mais voulait me faire plaisir ! Merci, Loulou, j’ai réalisé un de mes rêves !

Retour à Uyuni où nous décidons d’aller nous restaurer au comedor central ; c’est généralement à l’étage du marché couvert et c’est une immense cantine où l’on peut manger pour deux francs six sous. À Uyuni, c’est dans un coin du marché et, à l’heure qu’il est (15h), il va bientôt fermer ! Par chance, une indienne sert encore des « Piquantes », c’est le plat du jour absolument non piquant composé de poulet, de pommes de terre boliviennes, de pâtes et de crudités ! Délicieux et pour nous 5, boissons comprises, nous payerons 9€ !

Nous mangeons en compagnie d’Éric, Antonia et Louison (11 ans), une famille en vadrouille dans le monde par différents moyens de locomotion. Actuellement, ils voyagent en voiture berline achetée au Chili. Pauline et Louison s’entendent plutôt bien ; il apprend à notre grande fille admirative comment utiliser des bâtons du diable. Pauline adore !

À peine après les avoir quittés, nous apercevons un camping-car immatriculé en Belgique … Voici une autre famille sur les routes d’Amériques du Sud et Centrale : « Des petits pas dans les grands » ! C’est une famille brabançonne composée de Stéphane et Nathalie, les parents, et de Soline (11 ans) et Maëlle (6 ans). Inutile de dire que nous sommes enchantés de rencontrer des compatriotes, nous prenons rendez-vous au même bivouac ce soir !

18/06 Dominique et moi avions décidé de rejoindre Tupiza aujourd’hui mais, alors que nous pensions juste dire au revoir à nos nouveaux compagnons, la conversation s’engage et se prolonge jusqu’à 15h de l’après-midi. Nous discutons comme si nous nous connaissions depuis toujours ! Les petits sont dans le camping-car tandis que les adultes s’échangent les bons plans dans Titi … Nous décidons finalement de visiter le cimetière des trains ensembles et reportons à demain notre trajet vers le sud ! Moment sacré du voyage : les rencontres !

Mais l’histoire n’est pas finie, alors que nous terminons notre visite, nous tombons sur les « Home2Home America », famille franco-néo-zélandaise composée de Pippa, Florent, Zoé (8 ans), Max (6 ans) et Olivia (3ans) qui retourne en Nouvelle-Zélande depuis la France en parcourant les Amériques.

Les 7 enfants jouent d’emblée ensemble dans les décombres de train : quelle magnifique plaine de jeux pour eux ! Les 6 parents répètent les mêmes histoires entre eux avec toujours le même enthousiasme : d’où venez-vous, où allez-vous, pourquoi, comment, etc. et profitent d’un moment de liberté sans enfant à surveiller !

La décision est vite prise de manger tous ensembles ce soir ; nous jetons notre dévolu sur la pizzeria en face de notre bivouac et partageons un repas bien sympathique. Les 7 enfants à une table alors que nous sommes installés à celle d’à côté ! Merci les amis, nous avons vraiment apprécié votre compagnie et espérons vous recroiser prochainement !

Lundi matin, les « Home2Home America » filent assez tôt vers le salar tandis que nos amis belges décident d’exécuter quelques coureries mécaniques et nous filons vers Tupiza … Filer est un bien beau mot, impossible à réaliser dans ce contexte … Nous mettons 9 heures pour parcourir les 200 kms qui séparent Uyuni de Tupiza !

Après 20 kms de route asphaltée, nous prenons une piste correcte pendant 30 kms avant de déboucher sur des dunes de sable où nous nous heurtons à un camion ensablé que nous essayons d’aider pendant une heure et ce, sans succès.

Par chance, en faisant demi-tour, nous trouvons une piste alternative qui nous permet de continuer.

Arrivés à Atocha, nous pataugeons pendant 50 kms dans le lit d’une rivière pour finalement cheminer la piste longeant la nouvelle route en construction !

Péage … oui, oui, vous lisez bien, nous devons payer cette route ! Mais ce n’est pas fini car le plus dur reste à venir : nous mettons 1h30 pour parcourir les derniers 20 kms sur une piste en tôle ondulée dans le lit d’une rivière et dans le noir ! Nous sommes dégoutés, fatigués et nous bivouaquons dans une petite rue du centre-ville !

Mardi, nous roulons jusqu’à Humahuaca en passant la frontière argentine ; nous parcourons une route connue mais apprécions une jolie chute gelée !

Pour agrémenter les interminables heures de route, Pauline et Louis s’enfilent trois « C’est pas sorcier » et sont passionnés !

Mercredi, dernière ligne droite vers Salta !

Après l'école, à nouveau la quebrada de Humahuaca mais en sens inverse et, bizarrement, nous l’apprécions plus qu’à l’aller … Est-ce la lumière ou les vues inversées ? Les deux peut-être !

Jeudi, nous récupérons nos affaires chez Oscar et Cristina qui en ont bien pris soin !

Merci à vous ! Nous mangeons au resto pour fêter l’anniversaire de Dominique et déambulons une fois encore dans les rues de Salta, ville que nous apprécions beaucoup !

23/06 Après l’école, nous campons dans un café pour profiter longuement de sa bonne connexion wifi. Les petits ont pris leur liseuse et dévore toujours leur « Harry Potter ».

24/06 Nous quittons enfin Salta après que j’eusse pris le temps de monter toute seule au sommet du cerro … afin d’admirer une dernière fois la ville.

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