Fini de rire et de s’amuser ; l’école reprend mercredi prochain et la prof n’a encore rien préparé ! Le directeur, quant à lui, ne sait même plus qu’il assure également une part d’éducation scolaire de nos enfants ! Par chance, le wifi de la Quinta Tiffany est excellent et j’en profite pleinement. Nous apprécions beaucoup cet endroit calme et gazonné ; les petits profitent également de leurs derniers jours de vacances pour plonger dans la piscine et Carmen leur propose de monter à cheval.
Mais nous devons reprendre la route et nos habitudes, nous quittons donc la Quinta dimanche matin et prenons la direction du camping Hasta la Pasta afin de faire le plein de succulentes pâtes faites maison. Les enfants y rencontrent des copains roumains d’un jour et nous discutons longuement avec Emmy et Fred, des Anversois sur les routes depuis quelques années.
Nous nous obligeons également à nous lever vers 7 heures car nous ne subirons plus de décalage horaire avant longtemps et le soleil se couche vers 17h30 ; c’est très tôt quand on voyage.
Mardi en milieu d’après-midi, nous levons définitivement le camp afin de reprendre notre route d’itinérants. Direction Tobaty, capitale de l’artisanat … que nous cherchons encore. Par contre, nous découvrons la brique de Wanlin locale … Oui, Tobaty (Je rénove ;-) est également réputé pour ses fours à briques : des plus artisanaux aux plus « sophistiqués » !
Cette activité consomme une quantité incroyable de bois et contribue fortement à la déforestation du pays ; un peu comme lors de la révolution industrielle européenne ! Espérons qu’ils reboisent un jour car, actuellement, toutes les parcelles calcinées sont destinées à l’élevage intensif.
Nous arrivons à l’heure des moustiques à la laguna Blanca, hé oui, encore une ! L’endroit est très joli mais n’est vraiment pas à la hauteur de nos attentes. Dans le guide, elle est présentée comme étant une réserve aux qualités environnementales exceptionnelles … Nous y voyons des traces de décharges d’égouts et l’eau n’est pas aussi translucide que cela ! Nous subissons également une attaque en règles de mouches surexcitées … Il y a vraisemblablement de l’orage dans l’air !
09/08 Comme prévu, nous reprenons l’école et, malgré une certaine appréhension après une si grande trêve, les enfants sont appliqués pour cette première journée.
En fin d’après-midi, nous nageons un peu avant d’admirer un nouveau coucher de soleil comme seul le Paraguay peut nous en offrir !
Nous restons deux nuits sur place et profitons pleinement du hamac pour travailler ;-)
Nous reprenons la route vers Concepción, la température augmente toujours et l’humidité relative de l’air est de 100 % ; nous dégoulinons, il fait 40°C aujourd’hui ! Nous garons Titi et allons nous réfugier dans un tea-room pour déguster une glace artisanale. L’air conditionné de l’endroit est fortement apprécié !
Le lendemain, après une mauvaise nuit beaucoup trop chaude, nous nous renseignons sur la possibilité de remonter le fleuve avec l’Aquidabán, le bateau-bus local mais le bureau est fermé … Revenez demain, nous dit-on ! Nous retournons parquer le long de la rivière Paraguay qui nous apporte un brin de fraicheur bienvenue.
Nous restons sur place écrasés par la chaleur … Lever le petit doigt génère une quantité de transpiration que vous n’imaginez même pas. Nous nous liquéfions sur place sans rien faire … Les petits lisent, j’écris un peu tandis que Dominique fait carrément la sieste … Oui, oui, vous lisez bien !
Et puis, tout à coup, alors que l’on ne l’espérait plus, le ciel s’est enfin déchiré et a déversé des litres d’eau … Quelle délivrance !
Dimanche, nous nous dirigeons vers le port et apercevons l’Aquidabán … Nous passons notre chemin car, vu la vétusté de l’engin flottant, nous ne nous sentons pas capables de survivre pendant 4 jours sur ce rafiot ! Bon, ben, direction Vallemi alors …
Traverser le Paraguay n’a rien d’exceptionnel ; on y voit quasiment toujours le même paysage, le cerrado, un mélange de pâtures et de collines avec des buffles et des palmiers. Les bovins sont lents et beaux ; les paysages un peu monotones mais la richesse du pays réside finalement dans la tranquillité omniprésente.
Les Paraguayens, assez actifs en matinée, se prélassent à l’ombre une bonne partie de l’après-midi. Toutes les habitations présentent une grande terrasse couverte où l’on boit le tereré entre amis ou en famille. En ville, on rencontre des sièges sur les trottoirs où les gens discutent en buvant le fameux thé glacé. Lors de notre passage, ils lèvent la tête et nous font généralement signe de la main avec un grand sourire … Ils ne sont pas jaloux ; ils sont juste heureux de voir d’autres gens. Même les plus démunis possèdent une petite habitation propre et bien entretenue. Pas de crasses, ni de saletés, juste un soleil écrasant en plein hiver (nous n’osons imaginer ce que cela doit être en été) et une joie de vivre omniprésente.
Traverser le Paraguay est agréable et … tranquille et ce, malgré une quantité invraisemblable de gardes, policiers, gens de sécurité armés jusqu’aux dents … avec une tasse de tereré en main !
Nous arrivons en fin d’après-midi juste à temps pour admirer un nouveau coucher de soleil sur la rivière Paraguay !
Nous sommes au bout de la route asphaltée, proche du Brésil et dans une région infestée de trafiquants en tous genres (bois, drogue, etc.) et nous ne nous sommes jamais autant sentis en sécurité !
14/08 Après l’école, nous cherchons César Gonzalez, LE guide qui peut nous faire visiter les grottes de Vallemi. Nous allons demander au port où les gens de la préfecture nous envoient à la maison communale où une employée nous dirige vers le mirador de la ville où nous trouvons César ! Magique, non ? Celui-ci est super sympa et a déjà deux autres touristes en charge … Il nous inclut donc dans la prochaine visite, la caverne 54. Nous nous retrouvons donc à 6 au milieu des bois avec notre guide qui nous explique la raison de la présence d’autant de grottes et failles dans la région.
C’est repérable grâce au ficus elastico que l’on retrouve à l’entrée des grottes.
Le ficus possède des racines qui ressemblent à des lianes et plongent littéralement dans le sol pour trouver l’humidité nécessaire pour sa croissance. La région présente un sol de roche calcaire fragile qui, par érosion due à l’écoulement de l’eau, s’ouvre progressivement jusqu’à former des cavités dans la roche. Nous pénétrons dans la grotte située sur le lot 54, d’où son nom, et découvrons la magie du lieu à l’aide de nos lampes frontales. Nous effectuons une promenade sous terre de 100 mètres avant d’émerger dans une chambre plus large, éclairée naturellement. Les petits adorent car il faut grimper, se faufiler, se laisser glisser, s’agripper, se tortiller en tous sens pour avancer.
Vallemi est également connue pour ses fabriques de chaux et de ciment. Les fabriques sont artisanales, nationales ou privées de grande échelle.
L’entièreté du territoire est départagée en lot que les gens peuvent exploiter. Nous verrons donc des usines de tailles très différentes. Le lot 54 est maintenant protégé à cause de la grotte qui s’y trouve et personne ne peut l’exploiter mais des exploitants clandestins sont toujours susceptibles de faire sauter la roche à la dynamite en soirée, sympa ! Déguerpissons !
Nous nous dirigeons d’abord vers le fleuve Apa qui marque la frontière entre le Paraguay et le Brésil à l’est de San Lazarò et, puis, vers le port de Vallemi. Là, nous montons dans une barque à moteur et prenons la direction de la cueva Camba Yhopo sous un ciel assez menaçant ! La barque fend les flots et nous fait tanguer … Puis, tout à coup, il pleut des cordes mais, par chance, nous arrivons à destination et pouvons nous réfugier à l’abri de la grotte ! Ce n’est pas une grotte dans laquelle on pénètre insidieusement par un petit trou mais une large cavité dans la roche qui donne directement sur le fleuve.
C’est joli mais pas exceptionnel, nous y restons un gros quart d’heure et reprenons notre embarcation jusqu’au petit port de Vallemi. Notre guide César nous attend à quai et nous propose de visiter la maison du sculpteur connu de la cité … Nous le suivons sans trop bien savoir ce qui nous attend et sommes vraiment estomaqués par notre découverte ! Nous sommes chez un amoureux des Vikings et de la mythologie, mais appréciez plutôt son art :
Nous ne pouvons pas rire car Sebastian Amarilla Ibarra est très honoré d’avoir la visite de Belges, qu’il croit un peu Viking aussi. Nous l’écoutons avec beaucoup d’attention car il prend le temps de nous expliquer toutes les œuvres présentes dans son patio ; nous avons même la chance de visiter son atelier qui est impressionnant par son ordre et sa propreté.
Pour un artiste sud-américain, c’est incroyable selon nous … Peut-être qu’en Amérique du Sud, les artistes sont les seules personnes propres et ordonnées …
Nous quittons notre guide et ses touristes bien sympathiques et retournons le long du fleuve Apa, la plage que nous avait fait découvrir notre guide nous paraît être un bivouac idéal !
Nous ne sommes pas déçus car nous passons une nuit exquise malgré une pluie quasi continue. Titi s’est un peu enfoncé et nous craignons de ne pas savoir repartir facilement. Mais, après deux heures d’école, le terrain s’est bien asséché et nous sortons sans problème en 4X4. Nous retournons dire au revoir à Vallemi en pique-niquant au mirador et quittons les lieux par la même route.
Nous nous arrêtons à mi-chemin vers Concepción à la Estancia ña Blanca sur conseil de César ; l’endroit n’est pas mirobolant mais c’est correct. Il y a un quincho avec un hamac, des toilettes utilisables et un pommeau de douche décoratif ! Mais ce qui nous intéresse, c’est la rivière limpide dans laquelle il paraît que l’on peut se baigner ! Ni une, ni deux, à peine débarqués, nous nous mettons à la recherche du lieu enchanté. Pas de chance, nous nous trompons de chemin et sommes arrêtés par un petit ruisseau infranchissable ; nous maudissons César, la ña Blanca et tous les saints car nous pensons nous être faits rouler !
En revenant à l’estancia, la tenancière se moque un peu de nous en disant que l’on n’a pas pris le bon chemin et qu’il faut tourner plus loin … Hé oui, nous avons une fois de plus confondu « derecho » (tout droit) et « a la derecho » (à droite) ! Nous reprenons la promenade au début et marchons plus de 2 kilomètres pour découvrir un bel endroit ! Le soleil se couche, il faut malheureusement rentrer et, puis, pire encore, nos amis les moustiques salivent déjà à l’idée de goûter du sang étranger !
16/08 Après l’école, nous partons à vélo jusqu’à la rivière … à la cascade, c’est encore plus loin mais cet endroit est vraiment charmant. Les enfants et moi, nous sautons aussitôt dans l’eau ; elle est vraiment transparente et nous voyons une multitude de petits poissons nager autour de nos jambes … Pauline est inquiète car elle croit que ce sont des piranhas !
Après notre baignade, nous reprenons la route vers la capitale du tropique du capricorne, Bélen ! Ici, il n’y a absolument rien à voir mais le supermercado, le kiosko et la panaderia s’appellent « Capricorne » … J’exagère évidement un peu mais cela se résume quasiment à cela !
Nous atterrissons à l’hôtel « El Roble », un incontournable selon notre guide « Petit fûté » et l’application des voyageurs « i-overlander » mais nous serons vraiment déçus car ce n’est pas du tout le paradis sur terre … Bon, il y a une piscine et des douches correctes …
Nous en profitons et décampons vers Concepción et notre bord de rivière habituel où nous bivouaquons encore une fois avant de prendre la direction de l’est et du Brésil !
Nous parcourons de très beaux paysages sur la route de San Juan Caballero et nous nous arrêtons au Parque Cerro Cora (non ce n’est pas un supermarché !) situé à quelques kilomètres de la frontière. Le parc est un haut lieu historique paraguayen ; le maréchal Francisco Solano Lopez a été tué ici après avoir dit « Je meurs pour ma patrie » et ce haut fait patriotique a mis fin à la guerre du Paraguay contre la Triple Alliance (Brésil, Argentine, Uruguay).
Ce maréchal est considéré comme étant le fondateur de la patrie et comme un véritable héros national. Dans le parc, il y a des statues çà et là mais c’est surtout un magnifique écrin de verdure très tranquille.
Nous y restons 3 nuits, faisons du pain, voyons des toucans très rares à notre réveil et voyons quelques Paraguayens patriotiques visitant furtivement le parc.
Le premier matin, Pauline chuchote :
Papa, Maman …
Oui, Poupoune …
Des toucans … à la fenêtre … les très rares vus au zoo …
Ho, oui, ma puce … chuuuut …
Et voilà, comment à deux, trois mètres de nous, couchés dans nos lits, nous admirons ces petits toucans dont le bec est gris-jaune et le poitrail coloré alors que le pauvre Louis est toujours dans les bras de Morphée. Un moment de pur bonheur que seul, un voyage comme le nôtre, nous permet de profiter !
Voici une photo prise au zoo car nous n’avons bien sûr pas bougé pour aller chercher l’appareil photo !
21/08 Nous arrivons enfin à San Juan … Objectif de la journée : changer de l’argent, réaliser les formalités douanières, faire des courses alimentaires mais aussi passer au China Shopping pour profiter de prix soi-disant hors taxes sur des biens divers comme des recharges de gaz pour le réchaud, le cadeau d’anniversaire de Louis, du matériel informatique et photographique, des phares LED pour Titi, etc. Nous réussissons notre challenge mais il est tard et décidons de passer une dernière nuit au Paraguay dans une station-service sans charme ! Dommage de terminer ce passage paraguayen sur une note aussi mauvaise alors que nous avons vraiment beaucoup aimé le … Tranquilo Paraguay !