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Missions définitivement accomplies

La mort dans l’âme, je reprends ma plume pour vous raconter nos péripéties … Préparer un voyage pendant 7 ans et, soudain, un grain de sable vient perturber notre beau projet. Nous sommes tristes, fâchés et déçus. Entre pleurs, cris et nervosité, nous essayons de redresser la tête et aller de l’avant. Cerise sur le gâteau, nous traversons une région pauvre en connexion internet et passons des heures à essayer de trouver une solution ! Mais avant cette malheureuse annonce, nous avons vécu de belles découvertes ; les voici !

Pendant la lecture de cet article, je vous conseille d’écouter la musique du film « Mission » d’Enio Morricone ou de la musique d’orchestre baroque … Vous serez directement dans l’ambiance de cette magnifique boucle que nous avons parcourue dans l’Est bolivien.

Bon, il fait toujours aussi chaud et cela fait deux heures que nous attendons qu’un douanier veuille bien s’occuper des papiers d’importation de notre véhicule en Bolivie … Les petits font l’école à moitié nu dans le camion ; moi, je fais le va-et-vient entre Dominique qui reste dans la file et les enfants qui se battent avec des multiplications à 6 chiffres et les adjectifs attributs et épithètes … Quand, tout à coup, je réalise que le douanier paraît être un peu misogyne et que c’est ma présence qui retarde probablement le traitement de notre dossier. Mais disparais, Françoise ! Et, hop, en moins d’une demi-heure, voilà l’affaire réglée. Dominique a mis ses connaissances de la langue de Cervantes à profit ! Mais c’est qu’il progresse, vous savez !

Il est 17h, nous sommes au kilomètre 0 de la route F4 qui doit nous mener à San José de Chiquitos ! Nous nous arrêtons après 1h30 de route macadamisée (exceptionnel pour la Bolivie) à El Carmen, sur la place centrale, en face du presbytère.

Je mets un pied dehors du camion, voilà un enfant ; je sors le deuxième, en voilà un autre et ainsi de suite avec nos quatre paires de pieds … Nous voilà entourés de gamins curieux au point de s’assoir dans nos fauteuils extérieurs et de me regarder peler des carottes et râper du chou blanc ! Pauline et Louis ont un peu de mal avec autant de proximité ! Finalement, ils jouent ensemble en se regardant tous un peu du coin de l’œil et deux gamines s’extasient devant le réchaud au gaz de Dominique. C’est bon enfant, c’est le cas de le dire !

Alors que nous allons passer à table, la cloche de l’église sonne et ils y disparaissent car une messe pour les enfants du collège est célébrée ! Ouf, la religion nous a sauvés ; nous pouvons manger en paix !

02/09 Nous quittons El Carmen mais une voiture de police s’arrête à notre hauteur et son conducteur nous interpelle :

  • Les papiers du véhicule et de la douane, s’il vous plaît ?

  • Voici.

  • Le permis de transit, s’il vous plaît ?

(Nous savons pertinemment que ce papier n’est pas obligatoire pour les étrangers mais que c’est une façon de les taxer ; personne ne nous a indiqué que nous devions nous le procurer.)

  • No lo necesitamos.

  • Si, (et c’est là que cela devient comique) j’ai le programme au village pour vous l’éditer mais pas l’imprimante.

(Il nous rend nos papiers)

  • Nous avons une imprimante si vous voulez.

  • Non, le bureau le plus proche pour éditer le papier est à 3 heures de route.

  • Vamos !

  • Je n’ai pas assez d’essence, pouvez-vous me donner 200 Bs (ndlr 25€) pour en acheter ? Je ne reçois pas assez d’argent pour mon carburant.

  • Ce n’est pas notre problème.

(Blanc … Je prends une photo de l’agent, nous attendons et Dominique vide les eaux usées)

  • Vous ne pouvez pas déverser des déchets dans la nature.

  • C’est de l’eau de pluie.

(Blanc)

  • Démarre, Loulou, on verra bien !

Le policier fait mine de nous suivre, je stresse un peu et puis, au bout de 200 mètres, il fait demi-tour ! Pendant un quart d’heure, je me sens coupable d’avoir fui … Un délit de fuite en Belgique, c’est puni par la loi, non ? Devrons-nous aller en prison ? Les prisons boliviennes ne doivent être très jojos !

Nous ne serons plus jamais ennuyés parce que nous n’avons pas de permis de transit. Nous avons bien fait de ne pas l’acheter !

Nous avançons toujours vers l’ouest et sommes en admiration devant les paysages que nous traversons. De grosses collines rocheuses surgissent régulièrement de terre.

Arrêt à Santiago de Chiquitos pour les admirer de plus près. Nous faisons une très jolie balade jusqu’à plusieurs miradors ; nous pouvons y revoir une dernière fois le Pantanal auquel nous disons définitivement au revoir. Nous sommes heureux de marcher un peu sauf Pauline qui aurait préféré profiter de sources d’eau chaude toutes proches !

Nous bivouaquons sur le parking de la promenade et sommes réveillés à 6 heures du matin par quatre jeunes boliviens totalement saouls qui s’arrêtent en voiture à 20 mètres de Titi en écoutant de la musique à fond dans leur véhicule et en buvant encore quelques canettes qu’ils laissent négligemment derrière eux. Super réveil pour un dimanche matin !

Bon, nous reprenons la route pour nous rendre à Chochis afin de visiter un petit sanctuaire où nous pouvons admirer de magnifiques sculptures en bois intégrées dans l’architecture du bâtiment. La route y menant est barrée par un portail en bois qui ne permet pas à Titi de passer. Nous devons donc monter jusqu’à la chapelle à pied, la montée est rude et le soleil au zénith ! Nous chauffons mais l’effort est bien récompensé par ce que nous y découvrons. C’est impressionnant.

L’architecte en charge du projet est Hans Roth, le même qui a rénové dans les années 70 les missions que nous allons découvrir dans les prochains jours. Ici, il a pu exprimer tout son talent car c’est un bâtiment neuf (érigé à la mémoire des victimes d’un accident de train dû à l’effondrement d’un pont à cause de flots torrentiels d’une rivière en crue).

Nous y passons un agréable moment en compagnie de quelques toucans toujours aussi grognons !

Enfin, nous arrivons à San José de Chiquitos. Nous débarquons dans un hôtel 3 étoiles (Villa Chiquitana) qui accepte le stationnement de voyageurs au long cours pour une bouchée de pain tout en leur mettant à disposition les installations communes de l’hôtel (piscine, café, restaurant, bibliothèque, douches, salle de gym, plaine de jeux, magnifiques terrasses et jardin !) Nous sommes comblés, nous y restons deux jours complets pour le plus grand bonheur des petits et des grands.

Nous visitons un peu la ville ; découvrons une première mission, la seule en pierre en Bolivie.

L’architecture coloniale est charmante et l’ambiance, déjà bien typique dans ce pays que j’affectionne tout particulièrement. Il y a un marché avec ses mamitas assises par terre au milieu de leurs marchandises, des rues entières de vendeurs de bricoles, des maisons à galerie pour s’abriter du soleil et des trottoirs inégaux dont l’état est en rapport direct avec la maison qui les côtoie.

06/09 Enfin, nous démarrons la boucle des missions jésuites de Bolivie … Montez le son car c’est de la piste et nous ne nous entendons plus aussi bien dans le camion !

Il fait chaud et la piste est poussiéreuse … Nous mangeons de la farine de sable à chaque croisement de camions mais les paysages sont variés et beaux. Nous entrevoyons des communautés pauvres qui cultivent pour survivre au milieu d’une végétation toujours aussi luxuriante.

En fin d’après-midi, nous arrivons enfin à San Rafael et découvrons la première église en bois. L’église est fermée. Nous logeons devant celle-ci et subissons les allers et venues des jeunes locaux qui tournent des centaines de fois autour de la place avec leur mobylette. C’est le seul endroit pavé à des centaines de kilomètres à la ronde et ils s’imaginent dès lors évoluer sur le circuit de Francorchamps !

07/09 Nous visitons l’église et son patio. Nous sommes impressionnés par la dimension des colonnes en bois … Elles sont taillées dans un seul tronc ! Le clocher est également impressionnant.

Nous continuons la route vers la petite mission de Santa Anna ; c’est la seule qui n’a pas été restaurée par l’architecte suisse Hans Roth.

La communauté a continué à l’entretenir depuis l’expulsion des jésuites au 18ième siècle. D’emblée, nous sommes charmés par ce lieu très calme et authentique. Nous entendons une classe de jeunes musiciens qui jouent de la musique baroque. Nous visitons l’église en compagnie de Luis qui est passionné par son église. Nous admirons les murs recouverts de mica, l’orgue sur lequel il est fier de nous jouer quelques notes, ainsi que les colonnes dont certaines sont un peu tordues…

J’adore ce lieu calme et reposant ; nous pique-niquons à l’ombre d’un arbre qui neige ;-)

Nous nous dirigeons ensuite vers le plus grand serpent fossilisé du monde … Haha, la bonne blague, nous avons du mal à croire à cette supercherie !

Par chance, la visite est gratuite ! Hé oui, en Bolivie, tout se paie, la traversée d’une communauté à pied (nous proposons d’ailleurs de mettre un poste de péage à l’entrée de Remagne ;-), l’entrée à une promenade, dans une église, le passage sur une route ou une piste, le guide obligatoire des parcs nationaux, etc. Ce n’est jamais très cher mais c’est fréquent et fatigant !

J’aimerais rester plus longtemps dans cette paisible bourgade mais la route nous happe à nouveau. Nous arrivons à San Ignacio de Velasco en fin d’après-midi.Changement d’ambiance : la ville est bruyante et grouille d’activité. Nous nous promenons autour de la place et apprécions l’homogénéité de l’ensemble. Hé oui, pour une fois, l’architecture est pensée et cohérente. Nous apprécions !

Nous visitons l’église et allons bivouaquer le long de la lagune toute proche.

C’est un endroit de baignade pour les locaux mais la vision de cet égout à ciel ouvert ne nous y invite pas du tout !

08/09 Aujourd’hui, nous traversons des communautés composées de maisons en torchis avec des toits de paille. Nous voyons aussi des enfants nus qui nous regardent passer. Et puis, au milieu de leur cour trône une antenne parabolique ou une poussette d’enfant toute rose.

Oui, c’est vraiment une Bolivie pleine de contrastes que nous traversons !

Direction Concepción et son petit musée expliquant la démarche de restauration de l’architecte Roth.

Nous y voyons même des verrous totalement réalisés en bois ; notre menuisier est en admiration !

Découverte également des différents masques apparaissant pendant le carnaval local ; ils sont vraiment marrants !

Nous visitons finalement l'église.

En soirée, nous allons manger dans un petit resto local pour une bouchée de pain et attendons le début de l’élection de la miss locale sur le podium monté sur un coin de la place et décoré à la hâte en milieu d’après-midi … mais elles se font trop attendre et, vers 22h, nous déguerpissons.

Le lendemain, nous visitons notre dernière mission, la mission de San Javier. C’est la plus ancienne et la mieux restaurée selon nous. L’ensemble est vraiment grand et tous les locaux sont encore occupés.

À nouveau, un petit musée nous montre les moyens mis en œuvre pour la restauration. Nous sommes une fois de plus subjugués par la dimension des poteaux en tronc massif mais également par leur mise en place …

Finalement, nous quittons définitivement les missions pour rejoindre Santa Cruz ; nous sommes poussiéreux et notre linge est vraiment sale ! Nos draps blancs sont devenus jaunes de poussière … Au secours, il nous faut trouver une lavanderia au plus vite !

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